La guerre de Macron contre la classe ouvrière

Par Anthony Torres

Macron remanie le gouvernement pour préparer une nouvelle série d’attaques contre la classe ouvrière. Après avoir imposé son impopulaire réduction des retraites au printemps, le président français Emmanuel Macron a remanié son gouvernement pour se préparer à de nouvelles attaques contre les prestations sociales lorsque le gouvernement reprendra son programme habituel en septembre.

Macron sait qu’il gouverne contre la volonté populaire et qu’il ne peut s’imposer que par la répression policière de l’opposition et le soutien des bureaucraties syndicales. La guerre que l’OTAN mène contre la Russie en Ukraine a exacerbé l’inflation qui ravage la population. Le réarmement massif de l’armée française est financé par des coupes sombres dans la protection sociale.

Le « président des riches » a imposé sa réforme des retraites en utilisant le mécanisme antidémocratique de l’article 49-3 de la constitution, sans même un vote au parlement, déployant une présence policière massive pour briser les grèves et le mouvement de protestation.

Ces dernières semaines, le président Macron a dû faire face à une deuxième révolte contre son gouvernement – des émeutes contre les violences policières après le meurtre par la police de l’adolescent Nahel M. Le régime du président Macron a réagi en mobilisant 45 000 policiers lourdement armés pour réprimer les manifestations. Peu après le début des émeutes, le syndicat de la police a déclaré qu’il était en « guerre » contre les « hordes sauvages ». Avec le soutien bruyant du parti d’extrême droite Rassemblement national de Marine Le Pen, la police, aidée par des éléments d’extrême droite, a brutalement réprimé les travailleurs et les jeunes.

Juste avant le remaniement, Macron s’est félicité de sa réduction des retraites. Il a déclaré à BFMTV : « Nous avons fait bouger les choses, des retraites au marché du travail. Nous avons pris des mesures fortes sur l’emploi, l’énergie, la transition écologique. Nous avons défendu de grandes réformes ».

La bravade du président cache un gouvernement en crise. Les médias indiquent que Macron et Elisabeth Borne, qui a été maintenue à son poste de premier ministre, ont eu beaucoup de mal à remanier le gouvernement. Le Huffington Post rapporte qu’il a fallu trois réunions entre M. Macron et Mme Borne pour décider des nouveaux ministres.

Le remaniement aurait dû s’achever jeudi dernier, mais il a été reporté au lendemain. Jeudi soir, un éminent conseiller du gouvernement s’est clairement agacé sur BFMTV de l’absence de communication de la part du gouvernement ou de l’Elysée en déclarant : « Quand on part sur de mauvaises bases, c’est ce qui se passe. Tout est nul dans cette succession d’événements ».

Thomas Cazeneuve remplace Gabriel Attal au ministère des finances publiques, tandis que ce dernier devient ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse en remplacement de Pap Ndiaye. Aurore Berger prend le ministère de la Solidarité, et Aurélien Rousseau devient ministre de la Santé et de la Prévention.

Les principaux ministres publiquement associés à la baisse des pensions et à la répression policière ont conservé leur poste. Bruno Le Maire reste ministre de l’économie et Eric Dupond-Moretti reste ministre de la justice. Gérald Darmanin, ancien membre du groupe d’extrême droite Action française qui a supervisé la répression des manifestations contre la réforme des retraites et les violences policières, reste ministre de l’intérieur et de l’outre-mer.

Macron place son gouvernement sur le pied de guerre contre la classe ouvrière, déclarant à son nouveau cabinet qu’il souhaitait que d’autres « réformes décisives » soient menées à bien à l’automne : « Les choses ne seront pas plus faciles à l’automne prochain, parce que la vie politique française ne sera pas plus facile ».

Le gouvernement veut approfondir l’austérité pour faire payer à la classe ouvrière la guerre impérialiste. Macron a affirmé à tort qu’il n’y avait pas d’argent pour les retraites. Cependant, avec son appel à construire une « économie de guerre » européenne, il est de plus en plus évident que la réduction des retraites a été faite pour financer un détournement massif des ressources vers la machine militaire afin de financer la guerre mondiale qui se prépare dans le dos de la population.

Le futur projet de loi sur les crédits militaires porte le total des dépenses pour les forces armées à 413 milliards d’euros au cours des sept prochaines années. Le budget militaire annuel atteindra 69 milliards d’euros d’ici 2030, contre 32 milliards d’euros en 2017. Dans son projet de loi de finances pour 2024, Macron souhaite une réduction de 4,2 milliards d’euros des dépenses de l’État, la première réduction globale depuis dix ans.

Face à l’opposition écrasante du peuple français aux réformes des retraites de Macron, les bureaucraties syndicales et leurs alliés de la pseudo-gauche comme La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon, le Nouveau Parti anticapitaliste d’Olivier Besancenot, ou Lutte ouvrière (LO) de Nathalie Arthaud, ont réussi à étouffer l’opposition sociale à Macron. Alors que les deux tiers de la population étaient favorables au blocage de l’économie et à l’approfondissement de la lutte contre le président, les appareils syndicaux ont conspiré pour éteindre la lutte.

Pour imposer les prochaines attaques contre la classe ouvrière, Macron a l’intention de faire à nouveau appel au service des syndicats. Le président a consulté leurs dirigeants en amont de son remaniement. François Hommeril, président du syndicat CFE-CGC des techniciens et cadres moyens, a déclaré qu’Elisabeth Borne avait manifesté la volonté de relancer « la partie de la négociation que nous souhaitons engager avec les chefs d’entreprise et pour laquelle nous souhaitons que le gouvernement s’engage dans une procédure ». Il a ajouté que le Premier ministre avait « répondu à nos attentes sur ce sujet ».

Pour la secrétaire générale du syndicat CGT Sophie Binet, « si Emmanuel Macron a pris la tête de la première étape du Tour [de France], pour filer la métaphore sportive, il est cramé, il n’a plus d’équipe, il est seul. Le cyclisme est un sport d’équipe ». La dirigeante de la CGT a vanté les succès de son syndicat qui « se développe avec 40 000 nouveaux adhérents. La fin de cette étape va durer encore quatre ans et cela va être extrêmement difficile pour le gouvernement. Et nous continuons avec la question des pensions, des salaires et notamment de l’environnement ».

Binet se targue d’avoir gagné 40 000 nouveaux adhérents lors de la lutte pour les retraites, mais la CGT s’est rendue à la table des négociations avec la Commission syndicale paritaire pour conforter le gouvernement affaibli par des manifestations massives et prolongées. Les remarques de Binet sont avant tout un aveu de l’opposition des travailleurs à Macron, qui se poursuivra et s’approfondira, faisant craindre à la CGT d’être débordée par une classe ouvrière militante.

Alors que Macron veut intensifier ses attaques contre la classe ouvrière et augmenter le budget militaire pour la guerre, toutes les mesures cyniques mises en avant par ces organisations ont échoué. […]

 

Source: https://www.wsws.org/en/articles/2023/07/26/zenu-j26.html