Les dockers de la côte ouest du Canada reprennent la grève

Par Keith Jones

Les dockers de la côte ouest du Canada reprennent la grève après avoir refusé un contrat au rabais

Les 7 400 dockers de la côte ouest du Canada ont repris la grève à 16h30, heure du Pacifique, mardi après-midi, après que les délégués syndicaux – agissant sous la forte pression de la base – ont rejeté une proposition d’accord de quatre ans qui avait été dictée par le gouvernement et approuvée par les dirigeants de l’International Longshore and Warehouse Union (ILWU).

Avec la reprise de la grève, les dockers sont confrontés à un conflit frontal avec le gouvernement libéral fédéral qui, avec la connivence de l’appareil syndical, a cherché la semaine dernière à briser la grève des dockers en invoquant une disposition rarement utilisée du code du travail canadien favorable aux employeurs. Cette disposition permet au gouvernement de proposer un accord, rédigé par un haut fonctionnaire du ministère du travail, puis de donner au syndicat et à la British Columbia Maritime Employers Association (BCMEA) seulement 24 heures pour l’accepter ou le rejeter.

Cette manœuvre antidémocratique comportait implicitement la menace suivante : si le syndicat refusait d’accepter un accord de capitulation, le gouvernement libéral rappellerait immédiatement le Parlement et adopterait une loi d’urgence pour briser la grève.

Dirigée par Rob Ashton, président de l’ILWU Canada, la direction du syndicat a approuvé la proposition du gouvernement. Jeudi dernier, dix minutes avant l’expiration de l’ultimatum fixé par le ministre du travail Seamus O’Regan, le syndicat a annoncé qu’il acceptait l’accord proposé par le gouvernement et qu’il ordonnait la fin immédiate de la grève, qui en était alors à son treizième jour.

Les dirigeants de l’ILWU ont agi ainsi parce qu’ils craignaient, avec leurs alliés du Congrès du travail du Canada, que si la grève se poursuivait, elle deviendrait un défi politique pour le gouvernement libéral des grandes entreprises, soutenu par les syndicats et le NPD, et qu’elle pourrait déclencher un soulèvement plus large de la classe ouvrière, y compris des grèves de sympathie de la part des dockers de la côte ouest des États-Unis et des travailleurs de tout le Canada qui ont été visés par des lois antigrèves.

Les travailleurs, cependant, avaient d’autres idées. Ils ont rapidement fait part de leur colère face au court-circuitage de la grève, sans que leurs revendications d’augmentation salariale proportionnelle à l’inflation, de protection contre l’automatisation et de fin de la sous-traitance des travaux d’entretien ne soient satisfaites. Bien que l’ILWU ait gardé secrets les détails de l’accord de principe de quatre ans, l’opposition a commencé à monter sur les médias sociaux au fur et à mesure que les informations commençaient à être divulguées. […]

La répudiation de l’accord de principe par la base est une réprimande étonnante à la fois du gouvernement libéral fédéral et des directions de l’ILWU Canada et de l’ILWU International.

Il en résulte la nécessité immédiate d’élargir la lutte et d’en faire le fer de lance d’une contre-offensive de la classe ouvrière contre le programme d’austérité, de guerre et d’attaques contre les droits démocratiques et sociaux, y compris le droit de grève, de la classe dirigeante.

Des appels doivent être lancés pour obtenir un soutien réel de la part des dockers de la côte ouest des États-Unis, qui sont sans contrat depuis un an et qui sont confrontés à la double menace d’un accord de capitulation négocié par l’ILWU et d’une action de l’État visant à illégaliser la grève. Les dockers doivent également se mobiliser en faveur de l’interdiction de tout « hot cargo », c’est-à-dire des cargaisons réacheminées depuis les ports de la Colombie-Britannique.

Les dockers doivent également relier leur lutte à celle des travailleurs de tout le Canada, y compris les 1 400 travailleurs de National Steel Car en grève à Hamilton, en Ontario, ainsi que les dizaines de milliers d’écrivains et d’acteurs d’Hollywood en grève qui luttent contre une myriade d’abus commis par les monopoles mondiaux du divertissement et des médias basés aux États-Unis.

Avec leur grève qui coûte aux employeurs des centaines de millions de dollars chaque jour et une vague de grève qui se développe dans toute l’Amérique du Nord, les dockers sont dans une position objectivement puissante. Toutefois, si les dockers de Colombie-Britannique veulent développer leur lutte et l’emporter, ils doivent arracher le contrôle de la grève aux bureaucrates de l’ILWU en mettant en place des comités de grève composés de membres de la base dans chaque installation portuaire.

Source: https://www.wsws.org/en/articles/2023/07/19/xqux-j19.html