Depuis février, plus de 12 000 médecins en formation sont en grève dans le cadre d’un bras de fer avec les autorités gouvernementales, qui souhaitent augmenter le nombre de médecins dans le pays de 10 000 d’ici à 2035. Nombreux sont ceux qui rejettent ce plan, prévu pour l’année prochaine, en affirmant que les écoles ne seront pas en mesure de faire face à l’augmentation du nombre de médecins et que la qualité des services médicaux du pays s’en ressentirait.
Selon le ministère sud-coréen de la santé et de la protection sociale, environ 4 % des 36 000 établissements médicaux privés du pays, classés dans la catégorie des cliniques, ont fait savoir aux autorités qu’ils participeraient à une grève d’une journée mardi 25 juin.
Ce mouvement intervient un jour après que des centaines de professeurs de médecine de quatre grands hôpitaux affiliés à l’université nationale de Séoul ont entamé un débrayage d’une durée indéterminée, suscitant des inquiétudes quant aux perturbations des services médicaux.
Il est également possible que la grève s’étende.
Lors d’un rassemblement avec des milliers de médecins à Séoul mardi, Lim Hyun-taek, leader intransigeant de l’Association médicale coréenne, a déclaré qu’il ferait pression pour que ses membres entrent dans une grève illimitée le 27 juin si le gouvernement rejette ses demandes d’abandon total des plans d’augmentation des admissions dans les écoles de médecine. La KMA est le plus grand lobby de médecins du pays, avec plus de 100 000 membres.
Les médecins en grève ont subi un revers juridique important en mai, lorsque la Haute Cour de Séoul a rejeté leur demande de blocage du plan gouvernemental, qui augmenterait de 2 000 le quota annuel d’inscriptions dans les écoles de médecine, actuellement fixé à 3 058. Ce plan ne comprendrait pas en compte par exemple les évolutions nécessaires en termes de professeurs et d’heures d’enseignement pour s’adapter à ce plan.
Le ratio médecin/population de la Corée du Sud est l’un des plus faibles des pays développés.
Les représentants du gouvernement affirment que le pays a besoin de beaucoup plus de médecins pour faire face au vieillissement rapide de la population et ont minimisé les inquiétudes des médecins quant à une éventuelle baisse de leurs revenus futurs.
Les médecins en grève ne représentent qu’une fraction de l’ensemble des médecins de Corée du Sud, dont le nombre est estimé entre 115 000 et 140 000. Néanmoins, les débrayages ont entraîné l’annulation de nombreuses opérations chirurgicales et d’autres traitements dans certains grands hôpitaux, qui dépendent davantage des médecins débutants et des stagiaires.
Des représentants du gouvernement avaient menacé de suspendre les licences des médecins grévistes, mais ils ont ensuite suspendu ces mesures administratives pour faciliter le dialogue.
Alors qu’il existe un réel risque d’enlisement de la grève, portée notamment par des jeunes médecins, dont de nombreux étudient encore, le mouvement s’étend.
Le comité d’urgence des professeurs de médecine de l’université Yonsei a annoncé mercredi après-midi (26 juin) qu’il débrayerait pour une durée indéterminée afin de protester contre les politiques de réforme médicale du gouvernement à partir de jeudi, réduisant ainsi les espoirs de mettre fin à des mois de perturbations dans le pays.
Au total, 531 des 735 professeurs – qui sont également médecins en chef dans les hôpitaux Severance à Seodaemun-gu (Séoul), Gangnam et Yongin (province de Gyeonggi) – ont voté en faveur de la grève. Ils ont déclaré qu’ils ne reviendraient sur leur décision que si le gouvernement faisait des « efforts visibles » pour résoudre la crise médicale actuelle.