Les travailleurs d’assemblage d’avions ont débrayé dimanche 23 juin après l’expiration du délai qui leur était imparti pour conclure une nouvelle convention collective. Les 1 350 travailleurs sont membres d’Unifor. L’usine de fabrication d’avions à réaction a déménagé à l’aéroport international Pearson il y a deux mois, après la fermeture de l’usine de Downsview au début de l’année. Cette usine accueillait les travailleurs de De Havilland et de Bombardier dans un vaste complexe industriel.
Unifor et la direction de Bombardier souhaitent tous deux mettre fin rapidement à la grève et ont annoncé que les négociations se poursuivraient. Unifor a notoirement cherché à bloquer les actions de grève même après l’expiration des délais contractuels dans de nombreuses industries où le syndicat est implanté, y compris dans les usines automobiles canadiennes. Les travailleurs de Bombardier, cependant, voyaient les choses différemment. Ils avaient déjà été les témoins directs de l’amère grève de 2021 à Downsview, menée par les 700 travailleurs De Havilland, au cours de laquelle Unifor s’était plié aux exigences de l’entreprise en matière de licenciements et de décentralisation des nouveaux projets vers des sites très éloignés comme en Alberta. Les quelques travailleurs restants de Downsview De Havilland ont ensuite été placés sous la tutelle d’un nouvel employeur aux salaires plus bas, Longview Aviation Capital.
Avant le début d’un vaste programme de restructuration de l’industrie aéronautique canadienne, les travailleurs de Bombardier et de De Havilland se trouvaient tous deux sous le contrôle de Bombardier jusqu’en 2019, date à laquelle Bombardier a rompu les engagements qu’elle avait pris envers le syndicat et le gouvernement et a vendu le programme d’avions à réaction Dash 8 à De Havilland.
Plutôt que de chercher à unifier les luttes des travailleurs de Bombardier et de De Havilland, qui, en 2019, étaient essentiellement confrontés aux mêmes problèmes de détérioration du niveau de vie et des conditions de travail, Unifor a réussi à faire passer un accord de concessions pour les travailleurs communs de Bombardier et de De Havilland après cinq jours de grève.
La ratification du contrat de 2019 a laissé tous les travailleurs du complexe de Downsview dans l’embarras. Les travailleurs ont accepté des concessions importantes sur les salaires. Aujourd’hui, après plusieurs années d’inflation galopante qui a atteint près de 9 %, les travailleurs de Bombardier dans les nouvelles installations de l’aéroport Pearson doivent à nouveau se battre pour défendre leur niveau de vie. Et encore une fois, leur syndicat représentatif se dresse sur le chemin de leur lutte.