Près de 500 travailleurs de l’usine Nestlé de Toronto entament leur quatrième semaine de grève

Entamant leur quatrième semaine de grève contre le conglomérat alimentaire multinational Nestlé, 461 opérateurs de machines, emballeurs, expéditeurs et réceptionnaires, manœuvres et ouvriers qualifiés se sont rassemblés la semaine dernière devant l’usine de confiserie de Toronto (Ontario). Membres de la section locale 252 d’Unifor, les travailleurs produisent des Smarties ainsi que des barres chocolatées Kit Kat, Aero et Coffee Crisp.

La grève a débuté peu de temps après que les membres ont voté à 65 % pour rejeter un accord de principe insultant qui leur avait été présenté par les responsables syndicaux locaux et qui prévoyait un gel de deux ans des ajustements au coût de la vie. Les négociations étant désormais dans l’impasse, les grévistes se sont rassemblés jeudi dernier devant l’usine avec leurs sympathisants pour faire valoir leurs revendications en vue d’un nouveau contrat.

La société Nestlé, basée en Suisse, est la plus grande entreprise de production et de transformation de produits alimentaires au monde. La valeur nette de l’entreprise dépassait ce mois-ci 275 milliards de dollars américains. La valeur de sa marque est estimée à 22,4 milliards de dollars. Son bénéfice brut annuel pour 2023 était de 47,9 milliards de dollars, soit une augmentation de 6,27 % par rapport à 2022. Elle tire ses profits d’une main-d’œuvre mondiale systématiquement exploitée par le biais de bas salaires, de conditions de travail souvent exécrables et même d’intimidations physiques. Dans plusieurs pays en développement d’Afrique de l’Ouest, l’entreprise a été accusée d’exploiter sans pitié le travail des enfants et d’avoir carrément recours à l’esclavage dans les plantations de cacao.

Les travailleurs de l’usine de Toronto mènent depuis des années un combat permanent contre Nestlé pour obtenir des salaires et des avantages sociaux décents et contre un système à deux vitesses. Avant l’action industrielle actuelle, les travailleurs ont fait grève en 2021, 2017, 2014 et 2001. À l’heure actuelle, les travailleurs permanents à temps plein de l’échelon salarial le plus élevé gagnent 25 dollars canadiens de l’heure, ce qui correspond à peine au seuil de subsistance (pour survivre) dans l’une des villes les plus chères d’Amérique du Nord. Les travailleurs ayant moins d’ancienneté gagnent encore moins en termes de salaires et d’avantages sociaux. En outre, environ 65 travailleurs saisonniers temporaires sont employés au salaire minimum provincial de 17,20 dollars canadiens et ne bénéficient d’aucun avantage social.

Le syndicat a négocié en 2014 le système de paliers tant détesté qui divise les travailleurs et supprime les avancées en matière de salaires et d’avantages sociaux. Après trois ans de travail sous ce système oppressif, les travailleurs ont à nouveau fait grève en 2017. Cependant, le système à niveaux a été renforcé depuis lors.

Dans la lutte actuelle, les grévistes exigent des améliorations du régime de retraite, qui a été transformé en 2014 en un régime inférieur à cotisations définies pour environ un quart de la main-d’œuvre et tous les nouveaux employés. Les travailleurs demandent également des protections salariales contre l’inflation et la fin du système de rémunération à deux niveaux. Au cours des négociations, l’entreprise a insisté pour maintenir le gel des ajustements au coût de la vie pour au moins deux années supplémentaires.

La bureaucratie d’Unifor a systématiquement isolé les grévistes de Nestlé des travailleurs d’autres secteurs à Toronto et des opérations à grande échelle de la société en Amérique du Nord. Nestlé se vante fièrement sur son site Internet d’employer quelque 33 000 personnes dans 105 sites au Canada et aux États-Unis. Parmi eux, 3 700 travaillent au Canada, notamment à Brampton, North York, Montréal, Richmond Hill, Etobicoke et Mississauga. Mais Unifor n’a pas l’intention de faire appel aux travailleurs d’autres sites pour obtenir un soutien concret. Il est déterminé à maintenir les travailleurs confinés dans le régime rigide de la « négociation collective », car c’est de là que la bureaucratie tire ses privilèges et renforce son « partenariat » avec la direction.

La présentation initiale par le syndicat d’une offre misérable de Nestlé fait suite à des manœuvres similaires de la bureaucratie d’Unifor lors de récents conflits. Le bilan de la présidente d’Unifor, Lana Payne, au cours de ses premières années à la tête du syndicat, depuis qu’elle a remplacé Jerry Dias, tombé en disgrâce à la suite d’un scandale de pots-de-vin, a atteint de nouveaux sommets en matière de fausses déclarations, de double jeu, de capitulation abjecte et de trahison. Les grèves importantes d’Unifor dans les entrepôts d’alimentation en gros de la région métropolitaine de Toronto, à Windsor Salt et dans les magasins d’alimentation de détail de la région métropolitaine de Toronto ont toutes montré que les travailleurs rejetaient catégoriquement les contrats de principe misérables présentés et recommandés avec enthousiasme par Unifor. […]

 

Article traduit à partir du site WSWS.