Grève des enseignants brésiliens contre les mesures libérales du gouvernement Lula

Depuis le début du mois de mars, les travailleurs des établissements fédéraux d’enseignement sont en grève au Brésil, contestant l’affirmation du gouvernement du président Luiz Inácio Lula da Silva (Parti des travailleurs – PT) selon laquelle « il n’y a pas d’argent » pour l’enseignement public.

Le mouvement de grève a été lancé le 11 mars par les employés de 66 universités fédérales. Il a été suivi le 3 avril par les enseignants et le personnel de 522 unités fédérales d’enseignement général, professionnel et technologique et le 15 avril par les enseignants de 31 universités fédérales. Il s’agit de la plus grande grève contre le gouvernement Lula depuis son investiture au début de l’année dernière.

Cette semaine, les étudiants de plusieurs universités fédérales se sont également mis en grève pour obtenir de meilleures conditions d’enseignement. Ils protestent également contre une réduction de 4 milliards de réais (782 millions de dollars) du budget de la santé et de l’éducation annoncée le 11 avril par le gouvernement Lula.

Lors de la dernière négociation entre les représentants du gouvernement Lula et les syndicats d’enseignants et de personnel, le 19 avril, le gouvernement Lula a maintenu la proposition de l’année précédente de geler les salaires cette année, en n’augmentant que les prestations alimentaires, de santé et de garde d’enfants. Ces prestations ne touchent pas les retraités.

Le gouvernement Lula a également proposé d’augmenter les salaires de 9 % à 13 % en 2025 et 2026. Ces chiffres sont toutefois loin de couvrir les pertes de salaires réels qui, depuis 2016, ont totalisé 39 % pour les enseignants et 53 % pour les employés de l’enseignement fédéral. […]

S’attaquant au droit de grève, le gouvernement Lula a exigé, le 10 avril, que les négociations avec les syndicats soient conditionnées à la fin des grèves. Face à la levée de boucliers, il a été contraint de faire marche arrière. Malgré cela, le 16 avril, Camilo Santana, ministre de l’éducation du gouvernement Lula et défenseur à la fois de la réforme du lycée de 2016 et des programmes pro-entreprises dans le domaine de l’éducation, a critiqué les grèves, insistant sur le fait que « pour moi, une grève, c’est quand il n’y a plus de dialogue, quand la négociation ou toute possibilité d’amélioration est terminée. »

Auparavant, le 10 avril, le ministre des finances de Lula, Fernando Haddad, avait carrément déclaré que « le budget fédéral est fermé » aux revendications des enseignants et des employés de l’éducation fédérale. L’année dernière, M. Haddad, au nom du gouvernement Lula, a réussi à faire adopter un « nouveau cadre fiscal » qui a remplacé le « plafond de dépenses » du gouvernement Temer afin d’offrir une gestion « plus rationnelle » du budget brésilien et un objectif de « déficit zéro » pour le budget de cette année. Ces deux mesures, largement saluées par les marchés financiers internationaux, menacent désormais les planchers de dépenses constitutionnels pour la santé et l’éducation.

Près d’un an et cinq mois après l’entrée en fonction de Lula, le caractère réactionnaire de son troisième mandat a été mis en évidence sur plusieurs fronts. […]

Les enseignants et le personnel des universités brésiliennes doivent être conscients de ce processus et du caractère bourgeois du gouvernement Lula, en surmontant les illusions nationalistes et trade-unionistes sans issue colportées par les syndicats et la pseudo-gauche brésilienne. Le moyen d’établir cette unité est de créer des comités de base munis d’une perspective socialiste et internationaliste, réunis au sein de l’Alliance internationale des comités de base des travailleurs.

 

Extraits de l’article de WSWS