2 000 enseignants en grève à Newton (Massachusetts)

Deux mille enseignants se sont mis en grève vendredi (190 à Newton, dans le Massachusetts. Après avoir travaillé sans contrat depuis le 31 août de l’année dernière, une majorité écrasante de 98 % des membres de l’association des enseignants de Newton (NTA) a voté pour autoriser la grève. Le comité scolaire de Newton a annoncé dimanche soir que les écoles seraient à nouveau fermées lundi en raison de la poursuite de la grève.

La grève de Newton est la dernière en date d’une vague de grèves d’enseignants dans le Massachusetts depuis 2019, après 12 ans sans aucune grève. Depuis lors, des grèves ont éclaté à Dedham, Sharon, Andover, Brookline, Haverhill, Malden et Woburn, la plupart au cours de la dernière année et demie. Newton est le plus grand district scolaire du Massachusetts à s’être mis en grève jusqu’à présent.

À Newton, les enseignants réclament des salaires plus élevés et de meilleures conditions de travail face à la flambée du coût de la vie dans l’une des villes les plus chères du Massachusetts. Ils demandent également une limitation de l’augmentation du coût de l’assurance maladie, une amélioration de la politique en matière de congés parentaux, la présence d’un travailleur social dans chaque école primaire et secondaire, et l’octroi d’un temps de préparation supplémentaire aux enseignants de l’école primaire.

Newton, à sept miles à l’ouest de Boston, a la deuxième plus grande population de millionnaires dans le Massachusetts (1 058 en 2015) après Boston elle-même (1 617 en 2015). Le revenu médian des ménages de la ville était de 164 607 dollars en 2021 et le prix moyen actuel des maisons est de 1 353 050 dollars, soit une augmentation de plus de 10,3 % l’année dernière, ce qui signifie que de nombreux enseignants et autres travailleurs employés à Newton n’ont pas les moyens d’y vivre.

La rébellion des enseignants s’est déroulée dans l’ombre des lois anti-ouvrières du Massachusetts contre les grèves des fonctionnaires, codifiées lors de la première « peur rouge » en 1919, à la suite de la révolution russe de 1917. L’action syndicale était considérée comme une conspiration socialiste contre le capitalisme par la classe dirigeante, dénoncée par ses journaux et interdite par ses politiciens dans tout le pays, qui craignaient alors, comme aujourd’hui, le pouvoir de la classe ouvrière unifiée.

Toutes les grèves d’enseignants dans le Massachusetts depuis 2019 ont été déclarées illégales. À chaque fois, les villes et les communes ont fait appel aux tribunaux pour obtenir des amendes massives se chiffrant en centaines de milliers de dollars. Avant même le début de la grève, le comité scolaire de Newton avait déposé une requête auprès du département des relations de travail de l’État pour mettre fin à la grève et punir les enseignants s’ils décidaient de débrayer. Un juge de l’État a émis une injonction ordonnant aux enseignants de reprendre le travail vendredi soir. […]

Le comité d’école a proposé une augmentation salariale de 8 % sur trois ans, bien en deçà de l’inflation. Le syndicat affirme qu’il a proposé une augmentation de 13 %, soit environ 4,3 % par an, ce qui n’est pas mieux que l’inflation actuelle des prix à la consommation, calculée dernièrement à 3,9 %. Cette demande ne tient pas compte de l’érosion des salaires des enseignants depuis le début de la pandémie, avec l’augmentation des coûts du logement, de la nourriture, du loyer et d’autres nécessités dues à l’inflation massive provoquée par le sauvetage de Wall Street par le gouvernement et les prix abusifs pratiqués par les entreprises. L’inflation a atteint 7 % dans le Massachusetts en 2022.

Le syndicat négocie avec la ville depuis plus d’un an et a refusé d’appeler à la grève même après l’expiration du contrat des enseignants. Dans toutes les grèves d’enseignants dans le Massachusetts, les syndicats ont sous-estimé les enseignants en grève, négocié des contrats de braderie et accepté de payer les amendes exorbitantes imposées par l’État. Les dirigeants du syndicat de Newton ne sont pas différents.

Mike Zilles, le président du syndicat de Newton, a docilement lancé un appel à la ville et à ses négociateurs : « Peut-être pensez-vous que Newton n’a pas besoin d’être aussi compétitif, que nous n’avons pas besoin d’être « au top ». Peut-être pas. Mais je pense que vous conviendrez que nous ne voulons pas non plus être au bas de l’échelle et que nous ne voulons pas que les employés qui travaillent pour Newton éprouvent du ressentiment ou se sentent démoralisés parce qu’ils savent que leurs collègues dans des districts comparables gagnent beaucoup plus ».

Un enseignant à temps plein titulaire d’une maîtrise dans le district scolaire de Newton gagne actuellement un peu plus de 60 000 dollars au bas de l’échelle salariale et 93 000 dollars en moyenne, ce qui n’est pas beaucoup plus élevé que la moyenne de 86 000 dollars de l’État pour les enseignants, même en tenant compte des districts plus pauvres de l’ouest du Massachusetts. Le prix moyen d’une maison à Newton est de 1,3 million de dollars et le coût de location d’un appartement est en moyenne de 3 500 dollars par mois, dont 2 000 dollars par mois pour un studio.

Outre le coût incontrôlable de la vie dans le Massachusetts, et en particulier dans la banlieue ouest de Boston, un nombre démesuré d’enseignants sont accablés par des dettes d’études considérables. Selon la National Education Association, près de la moitié des nouveaux enseignants américains ont plus de 65 000 dollars de dettes d’études et plus d’un tiers des enseignants âgés de plus de 61 ans doivent encore au moins 45 000 dollars. Ce chiffre est probablement plus élevé dans le Massachusetts, où le coût des études dans les universités publiques augmente plus rapidement que dans n’importe quel autre État.

La nouvelle vague de COVID signifie que davantage d’enseignants sont exposés au virus en même temps que leurs élèves, alors que l’administration Biden a déclaré la pandémie « terminée » et que toutes les mesures d’atténuation dans les bâtiments scolaires et les salles de classe ont été supprimées. […]

Article paru sur le site de WSWS.