Accidents du travail en Inde: une évolution inquiétante

En Inde, les accidents industriels tuent et handicapent des milliers de personnes chaque année. Les données gouvernementales montrent qu’en moyenne, trois travailleurs meurent chaque jour dans les usines indiennes en raison de l’absence de mesures de sécurité de base. En 2021, le ministère du travail a informé le Parlement qu’au moins 6 500 employés étaient morts en travaillant dans des usines, des ports, des mines et des chantiers de construction au cours des cinq années précédentes. Les militants syndicaux et les syndicats affirment que ce chiffre pourrait être plus élevé, car de nombreux incidents ne sont pas signalés.

Manque de formation

Outre les violations des règles de sécurité incendie, le manque de formation est également l’une des principales causes d’accidents sur les lieux de travail dans tout le pays.

La Safe In India Foundation, une organisation qui se concentre sur la sécurité des travailleurs de l’industrie automobile, a déclaré dans son rapport annuel « Crushed 2022 » que, chaque année, des milliers de travailleurs perdent leurs mains et leurs doigts à la suite d’accidents dans ce secteur.

De nombreux travailleurs de l’industrie automobile sont des migrants surchargés de travail, sous-payés et insuffisamment formés.

Dilution des lois sur la sécurité du travail

L’Inde vise à devenir un centre industriel mondial, en encourageant l’investissement et l’innovation avec des initiatives telles que Startup India. Toutefois, des incidents tels que l’incendie de Mundka à New Delhi étant toujours monnaie courante, il reste à voir si les normes de santé et de sécurité du pays peuvent être maintenues.

Le gouvernement indien a pris des mesures pour réformer ses codes de santé et de sécurité, mais certains activistes pensent que cela a exposé les travailleurs à des risques accrus. L’Inde a introduit le code 2020 sur la sécurité, la santé et les conditions de travail. Ce code prévoit notamment une modification de l’obligation de créer un « comité de sécurité » dans les usines dangereuses.

Auparavant, toutes les entreprises étaient tenues de former un comité de sécurité, quel que soit le nombre de travailleurs. Toutefois, en vertu du nouveau code, le comité de sécurité ne doit être formé qu’après un ordre ou une notification du gouvernement. Le gouvernement a également modifié les protocoles d’inspection des lieux de travail, dans le but de simplifier le processus pour les entreprises.

Tapan Sen, militant syndical et secrétaire général du Center of Indian Trade Unions, a critiqué ces nouvelles lois. « Les inspections aléatoires et non planifiées ont presque complètement cessé. Aujourd’hui, aucune inspection n’a lieu. Même si vous voulez faire une inspection, vous devez en informer la personne de l’entreprise quelques jours auparavant. Cette situation est dangereuse pour les travailleurs », a-t-il déclaré à DW par téléphone.

Sen affirme que les nouvelles lois placent la barre de conformité encore plus bas. Actuellement, les agents du travail sont chargés d’inspecter et de garantir la mise en œuvre des règles de sécurité, mais cette fonction sera supprimée par les nouveaux codes.

De retour à Mundka, Ismail et les membres des familles des autres victimes sont déterminés à poursuivre leur action, malgré la charge financière. Ils espèrent obtenir justice pour les pertes qu’ils ont subies.

Extraits de l’article de la Deutsche Welle.