Grève nationale de 12 heures le 24 janvier (Argentine)

Le 14 décembre, quatre jours après son arrivée au pouvoir, son ministère de l’Économie a imposé une dévaluation de la monnaie argentine de 400 pesos par dollar à plus de 800, augmentant considérablement du jour au lendemain le taux d’inflation des produits alimentaires et des transports pour des millions de travailleurs.

Quelques jours plus tard, le 20, alors que des dizaines de milliers de personnes commémoraient dans les rues l’anniversaire du soulèvement ouvrier de 2001 à Buenos Aires, lorsque 100.000 personnes encerclaient le siège du gouvernement argentin, Milei a annoncé un décret de nécessité et d’urgence (DNU). La loi démantèle plus de 300 lois qui réglementent les grandes entreprises, protègent les familles de travailleurs et les retraités de l’inflation et des hausses de loyers et défendent l’éducation publique et les soins de santé. En réponse, de nombreuses manifestations ont eu lieu à travers le pays.

Le DNU a été suivi d’un projet de loi Omnibus (fourre-tout) intitulé «Fondement et point de départ pour la liberté des Argentins» qui comprend environ 600 «réformes» qui éliminent un demi-siècle de réglementations sociales et économiques. La législation est soutenue par les grandes entreprises et le Fonds monétaire international, qui gère la crise de la dette argentine et détient des milliards de dollars de dette argentine. Le projet de loi Omnibus est actuellement débattu au Congrès où Milei est convaincu que «nous avons assez de soutien» pour le faire approuver.

La Confédération générale des travailleurs (CGT), la plus grande fédération syndicale d’Argentine, a appelé à une grève nationale de protestation de 12 heures le 24 janvier, une mesure totalement insuffisante visant à faire pression sur Milei et programmée pour avoir lieu une fois que les propositions de Milei auront été approuvées.

Le parti anticommuniste et anti-ouvrier «La liberté avance» de Milei gouverne en coalition avec la Proposition Républicaine (PRO) de l’ancien président Mauricio Macri et des sections du Parti Radical bourgeois de droite. Milei et sa vice-présidente Victoria Villaruel se sont déclarés à plusieurs reprises comme défenseurs de la dictature militaire qui gouverna le pays entre 1976 et 1983 et ont justifié l’assassinat de 30.000 travailleurs et jeunes.

La semaine dernière, la Chambre Nationale des Recours du Travail (CNAT) a suspendu l’une des mesures du DNU de Milei. Cette décision faisait suite à un recours de la CGT. Ce qui est en cause, c’est l’augmentation des périodes d’essai pour les nouveaux embauchés (de trois à huit mois), une restriction sur les indemnités de départ, des restrictions sur les occupations des usines et les piquets de grèves qui bloquent l’entrée des usines, et sur le droit de grève pour les secteurs de travail considérés comme «essentiels» tels que l’éducation, les transports en commun et les communications.

La décision inefficace du Conseil du travail ne fait aucune mention des autres attaques brutales contenues dans le DNU. Par exemple, il introduit une déréglementation quasi totale du logement et des loyers, permettant l’expulsion des locataires et l’augmentation des loyers selon le bon vouloir des propriétaires, et l’exigence de paiements en dollars américains et dans d’autres devises.

Le porte-parole de Milei, Manuel Adorni, a annoncé qu’il ferait appel de la décision devant la Cour suprême, insistant sur le fait que les mesures en matière de travail visaient à garantir la «liberté» pour les travailleurs d’être embauchés et pour les propriétaires d’embaucher sans crainte.

Avec seulement une opposition symbolique de la législature nationale, les mesures d’austérité brutales de Milei décrites dans le DNU seront probablement approuvées par au moins une des deux chambres du Congrès (ce qui s’avéra suffisant selon la loi argentine).

Le DNU et le projet de loi Omnibus sont tous deux conçus pour profiter à la classe dirigeante parasitaire tout en détruisant le niveau de vie de la classe ouvrière et des retraités, dont les revenus ne seront plus indexés sur l’inflation. Cela touchera également les petites entreprises, qui souffrent d’une baisse drastique de la demande, entraînée par l’inflation et l’augmentation des taxes. Le projet de loi comprend également l’élimination des mesures environnementales et la fin de programmes de prise en charge dans le secteur psychiatrique.

Extrait de l’article du WSWS.