Solidarité internationale et répression à Özak (Turquie)

Le 11 décembre, 15e jour de résistance et de solidarité internationale croissante, la gendarmerie a de nouveau attaqué brutalement : 60 travailleurs du textile d’Özak et deux responsables syndicaux arrêtés

Au petit matin, alors que la gendarmerie érigeait des barricades, les travailleurs continuaient d’attendre sur le trottoir. La gendarmerie a frappé les travailleurs/euses et le comité directeur du Syndicat unifié des travailleurs du textile, du tissage et du cuir (BİRTEK-SEN) à coups de matraque et a fait usage de gaz lacrymogène. Deux dirigeants syndicaux et de nombreux travailleurs/euses ont été arrêtés par la TOMA à l’aide de gaz lacrymogènes et de canons à eau. Certains travailleurs ont été blessés lors de l’intervention… » dépêche du 11.12.2023 à retrouver sur haber.sol

On retrouve un fil twitter Birtek Sen avec vidéos et photos:

Alors que la résistance des travailleurs du textile d’Özak à Urfa entre dans son 15e jour, les forces de gendarmerie sont intervenues violemment, blessant plusieurs travailleurs et entraînant la détention de nombreux travailleurs et responsables du BİRTEK-SEN. @LEVIS
Levée de boucliers, action pour les #özakworkers, pour les droits du travail. Mettez fin à l’oppression contre les travailleurs d’Özak Textile.

 

Contexte

 

L’escalade de la grève s’accompagne d’une extension de la solidarité internationale.

« La grève entamée par environ 500 travailleurs de l’usine Özak Tekstil dans la zone industrielle organisée de Şanlıurfa dure maintenant depuis deux semaines.
Au dixième jour de la grève, environ 200 travailleurs qui continuaient à travailler se sont joints à la grève, ce qui a encore renforcé le mouvement. Le gouvernorat a interdit toutes les manifestations et tous les événements dans la ville pendant quatre jours. La gendarmerie a resserré quotidiennement l’étau autour des travailleurs/euses et a arrêté des dirigeants et des membres syndicaux, dont le président de BİRTEK-SEN, Mehmet Türkmen, avec parfois des attaques à la matraque et au bouclier. Le ministère public a engagé des poursuites contre BİRTEK-SEN et les travailleurs/euses qui avaient participé à la grève à la demande du patron. Le patron et le syndicat Öz-İplik-İş, qui a perdu la légitimité de son accréditation car il est désormais très douteux qu’il y ait encore des membres dans l’usine, ont tenté de diviser les travailleurs et d’utiliser toutes sortes de pressions et de pots-de-vin, allant jusqu’à recruter illégalement des briseurs de grève.

Malgré toutes ces méthodes traditionnelles de répression et la mobilisation de toutes les forces anti-ouvrières, y compris la mobilisation du mufti provincial pour expulser les ouvriers de la cour de la mosquée où ils cherchaient à s’abriter de la pluie, et malgré les tentatives d’empêcher les ouvriers d’entrer dans la mosquée en la fermant au culte le vendredi, les ouvriers d’Özak Tekstil poursuivent leur grève chaque jour avec une détermination accrue.
QUAND IL S’AGIT DE REVENDICATIONS DE CLASSE, L’OUVRIER EST L’AMI DE L’OUVRIER !
La grève des travailleurs d’Özak n’a pas seulement uni leurs adversaires. La grève a également mobilisé les parties les plus sensibles du conflit du travail, car il s’agit d’une affaire de droits syndicaux et de liberté de choix du syndicat.
Les travailleurs de Corning en grève, membres de Lastik-İş, les travailleurs d’İMES, les travailleurs de Pulver Kimya, les travailleurs de Yonga Mobilya à Denizli, la plateforme des branches syndicales d’Istanbul (İİSŞP), les travailleurs de DERİTEKS, Burda Bebek à Sakarya, Les travailleurs de Pekintaş, membres de Türk Metal à Düzce, les travailleurs de Novares, membres de Petrol-İş, ont exprimé leur solidarité avec les travailleurs d’Özak Tekstil par des messages de solidarité, des communiqués de presse, des vidéos, etc. exprimant leur mécontentement.

Des discours sur l’importance de la grève d’Özak ont également été prononcés lors des congrès des syndicats affiliés à la KESK.
Le Women’s Research Club de l’université Aydın d’Istanbul a envoyé des lettres aux ouvrières ; le Parti des travailleurs, la Jeunesse ouvrière et certains cercles politiques de gauche ainsi que le syndicat Ver-di, l’organisation de jeunesse de la Confédération des syndicats allemands (DGB) et la DİDF en Allemagne ont exprimé leur solidarité par des déclarations à la presse devant les bureaux de représentation de Levi, où Özak Tekstil produit.
Au Royaume-Uni, la Solidarity Campaign with the Peoples of Turkey (SPOT) a appelé à une action de solidarité devant les locaux de Levi. Des représentants du TUC et de l’UNITE ainsi que des représentants du Réseau national des représentants des travailleurs ont participé à l’action.
Le comité syndical de la CGT Paris a également demandé dans une déclaration « la réintégration de tous les travailleurs licenciés de l’usine Özak Tekstil et notamment le respect de leur droit à la représentation syndicale ». Au Parlement européen, 12 députés, pour la plupart issus du groupe de gauche, ont appelé à la solidarité avec les travailleurs d’Özak… » turk. Article de Ihsan Çaralan du 11.12.23 dans Evrensel