Grève des syndiqué-e-s des services publics : Avec l’audace, le gouvernement peut plier
Beaucoup d’encre coule actuellement au sujet des négociations du Front commun intersyndical, de la FIQ et de la FAE avec le gouvernement. À entendre l’État-patron, les syndiqué-e-s ne seraient pas assez flexibles et ces négociations seraient l’occasion de leur faire apprendre de nouvelles contorsions, tout en se gardant de préciser les supposés bienfaits attendus sur le plan des services offerts. On parle depuis des années d’un personnel à bout de souffle, de désertion professionnelle et de pénurie… et pourtant le gouvernement chantonne à la population que tout ce beau monde pourrait bien en faire un peu plus. Il est faux de penser que les services n’ont pas souffert de toutes les mesures de « flexibilité » imposées aux travailleuses et travailleurs des services publics au cours des dernières décennies. Les services en ont en fait tant souffert que des gens sont désormais référés au privé pour obtenir de meilleurs services, tant qu’ils et elles en ont les moyens.
Se soucier des autres, prendre soin de son prochain, cultiver l’entraide, la générosité et l’empathie sont au cœur du quotidien de bien des femmes et des hommes qui donnent de leur temps, de leurs forces et de leur santé au travail dans les services publics. Ces valeurs ne sont pas contradictoires avec l’idée de partir en grève, de manifester et de bloquer la machine pour être davantage considéré par le gouvernement. Nous faisons face à un gouvernement qui lui est dévoué aux plus riches. Alors que son ministre des finances nous parlait de temps austères à venir, il faisait pleuvoir les milliards pour la venue d’une entreprise étrangère dont la situation était selon les analystes précaire. On a vu pleuvoir les milliards également pour d’autres entreprises comme Bombardier. Et il ne faudra pas se surprendre de voir les milliards pleuvoir à nouveau pour d’autres multinationales, car le gouvernement est à la solde des grands capitalistes. Les riches sont de plus en plus riches pendant que les travailleurs, les travailleuses et les plus pauvres en arrachent de plus en plus. Le camp du gouvernement est clair et net. Il est du côté du loup dans la bergerie, du côté des exploiteurs qui soutiennent un monde de compétition, d’asservissement et de destruction. Dans leurs idées d’entraide et de solidarité, les travailleurs et les travailleuses tiennent, de leur bord, les germes d’un monde nouveau, un monde où le bien-être et la liberté de tous et toutes comptent réellement, un monde transformé par la réalisation et la mise en commun du plein potentiel de chacun et chacune.
Les médias tentent actuellement de faire calculer aux syndiqué-e-s de façon très conservatrice le coût de chaque journée de grève. Des représentants syndicaux tenaient ce même discours lors des assemblées de la dernière grève des enseignants et enseignantes. C’est oublier qu’il y a beaucoup à aller chercher en concessions de la part du gouvernement et qu’il faut aller les arracher par la lutte. Nous avons la grève et les moyens de perturbation pour nous faire entendre. Comme travailleurs et travailleuses, on se disait que l’on portait les services publics à bout de bras et bien maintenant nous les portons à bout de bras à travers la grève. Si nous plions, ce sont encore les services qui en souffriront avec un personnel encore plus crevé et le sous-financement. Rappelons-nous ça : le gouvernement négocie en répondant aux intérêts du secteur privé.
Nous sommes près de 17 000 à faire partie du Front commun au Saguenay-Lac-Saint-Jean, sans compter les 3300 syndiqué-e-s de la FIQ dans la région. Un mouvement de grève de masse historique se met en marche dans la province avec plus de 500 000 syndiqué-e-s qui se préparent à des grèves générales illimitées. Ces travailleuses et travailleurs que l’on disait essentiel-le-s il y a peu pourraient bloquer le système et si elles et ils se mettent en colère, il ne se trouvera pas assez de policiers, de juges ou de prisons pour arrêter tout ce monde. Puisque l’ordre des capitalistes c’est l’inégalité, la souffrance et l’oppression, n’ayons pas peur de faire le désordre pour ramener un peu de bon sens dans la société. Pour gagner les négociations, cela va prendre plus de convictions que le simple calcul comptable des journées de salaire perdues. À travers l’audace qui nous permettra d’arracher de nouvelles concessions à l’État-patron, nous pourrons également retrouver le chemin vers une société plus solidaire et plus libre.
Un syndiqué libertaire du Front commun au Pekuakami