Convention collective des métallurgistes : toujours pas d’accord – les syndicats étendent la grève dès maintenant
« Jusqu’au 17 novembre, des arrêts de travail d’une journée sont prévus dans environ 200 entreprises de l’industrie métallurgique.
La sixième ronde de négociations entre les syndicats PRO-GE et GPA et l’association professionnelle de l’industrie métallurgique pour la convention collective de l’industrie métallurgique n’a donné aucun résultat. Les employeurs ont proposé des augmentations salariales de six pour cent en moyenne, ce qui est encore nettement insuffisant. Les pertes salariales réelles pour les travailleurs, alimentées par les fortes augmentations de prix à deux chiffres dans le passé, seraient énormes. Jusqu’au 17 novembre, les syndicats appellent pour l’instant à des grèves d’une journée dans environ 200 entreprises de l’industrie métallurgique et technique (FMTI) ».
« Après l’échec provisoire des négociations salariales des métallurgistes, des grèves ont lieu en Autriche. C’est inhabituel – et cela pourrait changer à long terme les conflits du travail dans le pays.
Il existe de nombreux clichés sur la petite Autriche, mais l’un d’entre eux s’est toujours vérifié par le passé : Monsieur et Madame Autriche sont plutôt flegmatiques, ils se plaignent beaucoup, mais subissent les dégradations plutôt que de se mettre en travers de leur chemin. Pourtant, dans ce pays alpin peu enclin aux grèves, des luttes salariales se déroulent actuellement, qui pourraient rompre avec les traditions habituelles.
Pour pouvoir comprendre ce que signifient les grèves actuelles des salariés de la métallurgie autrichienne, il faut d’abord clarifier brièvement la situation de départ. En effet, contrairement à d’autres pays, il n’existe pas de salaire minimum légal en Autriche, mais seulement des salaires minimums fixés dans les conventions collectives des différents secteurs.
Les négociations collectives sont d’autant plus importantes que cette semaine encore, après six séances de négociations, les employeurs n’ont proposé qu’une offre honteuse qui entraînerait une perte massive de revenus. (…) De plus, les partenaires sociaux négocient toujours les augmentations de salaire après coup. Cela signifie que les augmentations de prix, comme la récente flambée des prix de l’énergie et des denrées alimentaires, ne sont prises en compte dans les augmentations de salaire que jusqu’au début des négociations. Même s’il est prévisible que les prix continueront à augmenter par la suite. Cela complique énormément la position de négociation des syndicats, surtout cette année, car l’inflation a été historiquement élevée l’année dernière, avec une moyenne de 9,6 pour cent, et le syndicat doit au moins obtenir une augmentation de salaire de la même ampleur pour qu’il n’y ait pas de perte de salaire réel pour les employés. (…) Les attentes à l’égard des syndicats et des accords salariaux à venir sont donc élevées et c’est justement les accords conclus par les métallurgistes qui donnent la tendance pour l’ensemble des négociations d’automne.
Ce sont des conditions difficiles qui ont poussé les syndicats à une revendication initiale modérée de 11,6 pour cent. La réaction des employeurs n’a toutefois rien de modéré, elle est radicale : ils ont mis sur la table une augmentation salariale absurde de 2,5 pour cent, plus un paiement unique ou un contrat de deux ans, coûteux pour les salariés. Tout en sachant pertinemment que cette offre ne pouvait qu’entraîner un rejet indigné de la part du personnel.
En d’autres termes, les employeurs ont sorti le gant et veulent savoir ce qu’il en est. Car si l’on s’accordait sur cet accord, les salariés de la métallurgie se retrouveraient avec une perte de salaire réel brut durable de moins 3,3 pour cent, qui se répercuterait jusqu’à la fin de leur vie active. En moyenne, cette baisse représenterait déjà plus de 20.000 euros de salaire en moins après seulement dix ans. Mais la chambre économique sait que Monsieur et Madame Autriche n’aiment pas faire grève. (…) La Confédération autrichienne des syndicats (ÖGB) n’a pas eu le choix. Après six cycles de négociations infructueux, au cours desquels la Chambre économique n’a fait qu’un mouvement minime, un appel à la grève a été lancé cette semaine. Jusqu’au 17 novembre, des arrêts de travail d’une journée seront organisés dans environ 200 entreprises de la métallurgie. Dans un autre secteur encore plus important, le commerce, où les négociations portent sur environ 430.000 salariés, un conflit majeur se dessine également. En effet, même après le deuxième tour de négociations, les employeurs n’ont pas fait d’offre. L’époque de la grande coalition de longue date et de l’entente entre partenaires sociaux est manifestement révolue. Il s’agit d’une épreuve de force à laquelle les syndicats ne peuvent plus se soustraire sans perdre la face et que la population active ne peut plus accepter sans dommages. Jusqu’à présent, l’Autriche n’avait pas de culture de la grève, il va désormais falloir l’apprendre… ». Article de Veronika Bohrn Mena du 17 novembre 2023 sur Jacobin.de