MAJ – Les mineurs fin de la grève à Chiatura avec 12% d’augmentation de salaire

Les mineurs mettent fin à la grève (de la faim) et rentrent à Chiatura avec 12% d’augmentation de salaire – malgré la tentative de l’extrême droite géorgienne de s’emparer d’eux

Les mineurs quittent Tbilissi – les grévistes de la faim sont emmenés à l’hôpital
« La grève des mineurs a pris fin. L’entreprise a promis d’augmenter les salaires de 12% à partir du 1er juillet. A partir du 1er juillet, le processus de travail reprendra dans les mines et l’ancien système, tel qu’il était avant le 1er février, sera rétabli. Les mineurs quitteront Tbilissi aujourd’hui. Les grévistes de la faim ont été transférés à l’hôpital ». Tweet de Mariam Nikuradze du 24 juin 2023 (angl.)

Comment l’extrême droite a tenté d’infiltrer la grève des mineurs et d’affaiblir la solidarité

« Les mineurs de manganèse de la ville de Chiatura, au centre de la Géorgie, sont en grève depuis des semaines en raison de leurs conditions de travail. Mais depuis qu’une partie des grévistes a déplacé sa protestation vers la capitale Tbilissi, l’extrême droite tente de s’immiscer dans les manifestations, si bien que les mineurs ne savent plus à qui faire confiance. Lorsque quelques dizaines de mineurs en grève et leurs soutiens* sont arrivés à Tbilissi le 19 juin, ils voulaient donner plus de visibilité à leur cause. Et la grève a trouvé un écho auprès de nombreux Géorgiens, surtout lorsque des images de mineurs se cousant la bouche en désespoir de cause sont apparues. (…) Certains des manifestants qui se sont joints à la manifestation par solidarité étaient des jeunes qui avaient auparavant protesté contre la loi sur les agents étrangers prévue par le gouvernement et l’avaient rejetée. Lucas Ablotia était l’un d’entre eux. Avec quelques-uns de ses amis, Ablotia se tenait devant le Parlement et manifestait en soutien à Lazare Grigoriadis lorsque les mineurs sont arrivés à Tbilissi. (…) Plusieurs personnes se sont approchées de moi et m’ont dit que je ruinais la manifestation parce que je me tenais avec le drapeau de l’UE, que l’UE était corrompue, que l’Ukraine avait commencé la guerre et que l’Ukraine était responsable de ce qui se passait en Ukraine. Ils m’ont accusé d’être un partisan de Misha [l’ancien président Mikheïl Saakachvili]. Ils m’ont dit que Misha avait commencé la guerre en 2008 et ce genre de choses. Ce n’est plus sûr d’être là-bas ». Ils nous menacent, ils nous crient dessus. Ils m’ont dit que j’étais une métisse homosexuelle et des choses comme ça ». Les jours suivants, les jeunes n’ont plus participé à la manifestation des mineurs. (…) Lorsque nous avons suivi la grève des mineurs à Tbilissi, OC Media a découvert au moins cinq personnes liées au groupe d’extrême droite Alt Info. A plusieurs occasions, nous les avons entendus tenter de discréditer les jeunes présents, en utilisant souvent des termes homophobes. L’un d’entre eux était Giorgi Odzelashvili, qui s’est rendu avec les mineurs du Parlement aux bureaux.

A plusieurs occasions, nous les avons entendus tenter de discréditer les jeunes présents, en utilisant souvent des termes homophobes. L’un d’entre eux était Giorgi Odzelashvili, qui marchait avec les mineurs depuis le parlement jusqu’aux bureaux de la société minière Georgian Manganese. Odzelashvili a participé à l’attaque des bureaux de Tbilisi Pride lors des émeutes homophobes du 5 juillet 2021. Il est actif sur Facebook, notamment sur une page appelée « Conscience Boys », qui milite pour la libération des quelques personnes arrêtées lors des émeutes du 5 juillet. (…)
Le 20 juin, OC Media a été témoin de l’activiste d’extrême droite Irakli Khomasuridze demandant aux mineurs de se désolidariser des amis de Lazare Grigoriadis, le jeune homme de 21 ans qui est jugé pour son rôle dans les manifestations de mars. Khomasuridze a dit aux mineurs qu’ils étaient des « pédés » et des « agents de l’étranger ». En réponse, les mineurs ont demandé à Khomasuridze de partir. Nous avons également demandé aux mineurs ce qu’ils pensaient de Konstantine Morgoshia, l’un des leaders d’Alt Info, qui a écrit sur Facebook qu’il soutenait la grève. C’est aussi l’un de ces hommes d’affaires véreux, oui », a répondu l’un d’eux. Il est le leader d'[Alt Info] et nous appelons tout le monde à gérer ses affaires de la bonne manière. Mais comment une personne comme lui peut-elle se tenir à nos côtés alors qu’elle fait la même chose que la société minière ? Nous essayons de ne pas avoir de telles personnes près de nous », a-t-il ajouté. (…)
Les conflits ont conduit de nombreux mineurs à se méfier de toute personne n’ayant pas de lien personnel avec Chiatura. Les mineurs qui se sont entretenus avec OC Media n’ont cessé de répéter que leur seule préoccupation était de faire valoir leur droit à un emploi juste et digne. (…) Au final, nous avons décidé de ne laisser personne s’approcher de notre tribune. Personne d’autre que nous ne pourra se tenir au micro », a déclaré l’un d’entre eux. Malgré la confusion, ils souhaitent continuer à recevoir du soutien. Nous voulons que beaucoup de gens viennent et qu’ils comprennent le mieux possible nos problèmes », ont-ils déclaré. La présence de l’extrême droite a toutefois eu un impact : Ablotia et d’autres ont dit qu’ils ne se sentaient plus en sécurité en participant. (…) Giorgi Kupatadse, qui s’est cousu les yeux dans le cadre de la grève parce qu’il « ne veut plus voir cette injustice », est arrivé à Tbilissi le 20 juin pour se joindre à la manifestation. Il est reparti le lendemain en expliquant qu’il espérait attirer davantage l’attention sur leur situation critique. Publika le cite en disant : « Je quitte cet endroit avec le cœur brisé » ». Article de Mariam Nikuradze du 23 juin 2023 sur OC Media (« Why the far right is trying to infiltrate a miners’ strike in Georgia »)

Source: https://www.labournet.de/?p=212498