Les travailleurs du port de Barcelone refusent d’expédier des armes à Israël

Lundi, 1 200 dockers de l’Organisation des travailleurs du port de Barcelone (Organización de Estibadores Portuarios de Barcelona – OEPB) ont annoncé qu’ils refuseraient de desservir tout navire transportant du matériel de guerre à destination d’Israël et de tout autre pays afin de protéger les droits de l’homme.

L’initiative prise par les dockers de Barcelone s’inscrit dans un mouvement international de protestation contre la guerre israélienne à Gaza. Elle montre que la classe ouvrière peut organiser sa propre intervention, politiquement indépendante, dans la crise pour mettre fin à la guerre et au génocide des Palestiniens à Gaza. […]

Dans la déclaration publiée par l’OEPB, les dockers de Barcelone affirment qu’il est de leur devoir d’adhérer à la Déclaration universelle des droits de l’homme et à la Magna Carta et de les défendre, car les pays signataires les ont oubliées, et ces droits fondamentaux sont systématiquement violés en Palestine.

La déclaration se poursuit : « Nous avons décidé au sein de l’association de ne pas autoriser les navires contenant du matériel de guerre à opérer dans notre port, dans le seul but de protéger toute population civile, quel que soit l’endroit où elle se trouve, car rien ne justifie le sacrifice de civils ».

La déclaration appelle à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, à la recherche de solutions pacifiques aux conflits et à ce que l’ONU « mette fin à son comportement complice et négligent » pour maintenir la paix et la sécurité internationales et défendre le droit international.

Les travailleurs ont déclaré au portail d’information portuaire en ligne El Mercantil que la décision avait été prise par les dockers. Ils ont également souligné qu’ils souhaitaient que leur initiative s’étende, déclarant à El Mercantil : « Nous transmettrons la proposition à d’autres ports afin qu’ils puissent évaluer s’ils souhaitent se joindre à l’initiative ou non ».

Sebastián Huguet, porte-parole de l’OEPB, a déclaré hier à El País que l’initiative était née après le massacre des Palestiniens à Gaza. Des milliers de soldats israéliens soutenus par des chars, de l’artillerie, des avions et des navires de guerre ont encerclé la ville de Gaza, la partie la plus densément peuplée de la bande de Gaza, menaçant de massacrer à une échelle encore plus grande que ce qui s’est déjà produit. Le nombre de morts a dépassé les 10 000 à Gaza et 150 en Cisjordanie. « Nous pensions que la tension allait baisser, mais c’est l’inverse qui s’est produit », a déclaré M. Huguet.

M. Huguet a ajouté que les travailleurs ne voulaient pas être « coresponsables » de la mort de civils. Entre 2020 et 2022, Israël a importé 140 millions d’euros d’armes d’Espagne sous le gouvernement du Parti socialiste (PSOE)-Podemos, tandis que Madrid a dépensé des centaines de millions pour acheter à Israël des armes portant la marque « testées au combat ». Cela signifie que leur utilisation contre les Palestiniens les rend plus précieuses et plus fiables pour des armées comme celle de l’Espagne.

« Nous n’avons aucune preuve que le port de Barcelone est utilisé pour les armes, mais si c’était le cas, nous ne laisserons personne travailler avec les navires. Nous n’arrêterons pas la guerre, mais si nous pouvons encourager d’autres ports à nous rejoindre, nous le ferons volontiers », a déclaré le porte-parole.

L’initiative de lundi n’est pas la première fois que les dockers de Barcelna utilisent leur force industrielle contre la violence militaro-policière. En 2017, le gouvernement de droite du Parti populaire (PP), soutenu par le PSOE, a utilisé trois grands navires de croisière touristique pour abriter plus de 4 000 policiers afin d’écraser le référendum d’indépendance catalan.

Les dockers de Barcelone et de Tarragone ont réagi en refusant de fournir des services aux navires transportant la police anti-émeute et la garde civile paramilitaire. Les travailleurs de l’OEPB ont approuvé à l’unanimité cette action « pour la défense des droits civils » et contre ce qu’ils ont appelé les « navires de répression ».

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Les travailleurs ne peuvent toutefois pas attendre que les bureaucraties syndicales organisent des actions industrielles contre la guerre. Les principales confédérations nationales aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Allemagne, en France et en Espagne n’ont organisé aucune action contre le génocide. Ce n’est qu’en Belgique et à Barcelone que certaines sections syndicales dans des industries stratégiquement situées ont proposé une forme concrète d’action.

Extrais de l’article d’Alejandro Lopez sur le site du WSWS