Nouveau rassemblement des routiers grévistes sur l’aire de Gräfenhausen

Nous avons relayé cet été la grève inédite de chauffeurs routiers polonais tenant un piquet de grève sur une aire d’autoroute en Allemagne, à Gräfenhausen. Un temps même, son extension a commencé à avoir lieu sur d’autres aires d’autoroutes. Trois mois plus tard, où en sommes-nous?

Après trois mois de grève, les routiers qui n’ont pas été payés par Mazur depuis mai se rassemblent à nouveau sur l’aire de repos de Gräfenhausen.

Les chauffeurs de camion de Gräfenhausen mettent fin à leur grève de la faim, Mazur aurait retiré un quart des plaintes pénales, le Bafa a ouvert une enquête et le flux de dons s’est tari – la grève est-elle maintenant « affamée » ?

« Dans leur lutte pour obtenir des salaires impayés, une trentaine de chauffeurs routiers grévistes de l’aire de repos de Gräfenhausen sur l’A5 ont mis fin à leur grève de la faim. Ils attendent toujours leur argent. Désormais, un nouvel espoir renaît : Une autorité fédérale est intervenue. (…)

Une visite de haut niveau ravive l’espoir

Les routiers ont maintenant cédé et mis fin à leur grève de la faim. D’une part, des médecins urgentistes avaient tiré la sonnette d’alarme durant le week-end et attiré l’attention sur les risques pour la santé. Edwin Atema, le représentant commun et porte-parole des 80 chauffeurs routiers en grève sur place, avait qualifié la situation de « très grave » pour les chauffeurs, non seulement sur le plan physique, mais aussi psychologique.
D’autre part, les chauffeurs ont reçu une visite de haut niveau qui a de nouveau sensiblement remonté leur moral. Torsten Safarik, président de l’Office fédéral de l’économie et du contrôle des exportations (Bafa), est arrivé dans l’après-midi pour se faire une idée de la situation sur place. En Allemagne, cette autorité est notamment chargée de veiller au respect de la loi dite sur la chaîne d’approvisionnement.

Les entreprises allemandes ont-elles enfreint la loi sur la chaîne d’approvisionnement ?

Safarik constate que les chauffeurs ont été victimes de violations des droits de l’homme. « Celles-ci ont clairement été commises par le transporteur polonais », a souligné le chef des autorités. Le syndicaliste Atema a cité dans ce contexte l’accès à des conditions de travail transparentes, le droit de grève et des salaires permettant de vivre.

Néanmoins, Safarik a expliqué qu’une enquête était en cours pour déterminer si les entreprises allemandes avaient enfreint la loi sur la chaîne d’approvisionnement. Cette loi, en vigueur depuis 2023, oblige les entreprises à respecter les normes en matière de droits de l’homme dans leurs chaînes d’approvisionnement – par exemple, pour les chauffeurs de camion, des pauses suffisantes et une rémunération suffisante. « Nous sommes venus ici aujourd’hui pour examiner les lettres de voiture, avec l’accord des chauffeurs », a déclaré Safarik. Si des marchandises d’entreprises allemandes soumises à la loi sur la chaîne d’approvisionnement se trouvent sur les camions, nous prendrons d’abord contact avec ces entreprises et leur demanderons de prendre position. (…) Safarik et Atema ont annoncé que les négociations se poursuivaient en arrière-plan. Il est question que des entreprises allemandes puissent reprendre une partie des créances. En outre, le Bafa veut inviter des représentants du secteur des transports et des syndicats à un sommet de crise le 16 octobre à Borna (Saxe) afin de changer la situation à long terme. « Une situation comme celle de Gräfenhausen ne doit pas se reproduire », a déclaré Safarik. Les invitations à la réunion devraient être envoyées dans le courant de la semaine… » Article de Uwe Gerritz du 25.09.23 dans hessenschau.de

Témoignage d’un chauffeur à la radio:

« … Environ un quart des plaintes pénales ont été retirées.
« Néanmoins, il y a aussi un nouveau signal d’espoir, déclare le négociateur Edwin Atema à HIT RADIO FFH : pour 19 chauffeurs du groupe de transport polonais, l’entreprise a désormais retiré ses plaintes pénales. L’entreprise avait déjà dénoncé les 80 grévistes il y a quelques semaines – pour extorsion de fonds. Les 19 chauffeurs sont employés par l’une des trois entreprises de transport du groupe… ». Extrait de l’information « Les chauffeurs routiers mettent fin à leur grève de la faim sur l’A5 » du 25.9.23 sur Radio FFH

Gräfenhausen : mourir de faim à l’arrière du camion

« Depuis plus de dix semaines, les chauffeurs de camion sont en grève sur l’aire de repos de Gräfenhausen. Certains d’entre eux sont affamés depuis des jours. Ils veulent enfin être payés pour leur travail. (…)
Les donneurs d’ordre auraient dénoncé les grévistes.

Il y a quelques semaines, il y avait encore plus de 100 camions, raconte Atema, maintenant 84. « Certains chauffeurs ont dû abandonner, même si c’était difficile pour eux ». Auparavant, les chauffeurs auraient été dénoncés par leurs commanditaires pour extorsion de fonds. Ils auraient alors proposé de retirer les plaintes et de payer 1.000 euros à toute personne qui cesserait de faire grève. « Pour nous, cela ressemble à un mauvais accord, mais ces hommes sont soumis à une pression massive », explique Atema. S’ils restent ici, ils ne gagnent pas d’argent – et certains n’ont même pas les moyens de prendre l’avion pour rentrer chez eux : « L’argent qu’ils ont reçu, ils l’envoient directement à leur famille restée au pays ». (…) Atema ne sait pas à qui manque la marchandise que les chauffeurs auraient dû transporter. Il a seulement entendu parler d’une des entreprises dont les produits se trouvent dans les wagons bleus. Leur chargement pourrait se trouver parmi eux, mais ce n’est pas certain. Les autres entreprises sont certainement au courant de la grève, dit Atema, mais elles ne se sont pas renseignées sur la marchandise. Et encore moins les chauffeurs ». Reportage de Karolina Kaltschnee du 26 septembre 2023 dans Die Zeit online

 

Source: https://www.labournet.de/?p=210526