Trahison syndicale lors de la grève à la National Steel Car

La grève de 1 400 travailleurs de la National Steel Car au Canada se poursuit, les grévistes déplorant la suppression de leurs prestations de santé

Par Dylan Lubao

La grève de 1 400 travailleurs de National Steel Car à Hamilton, en Ontario, entre mardi dans sa sixième journée. Les travailleurs, qui fabriquent des wagons pour certains des plus grands chemins de fer de classe I, se battent pour obtenir des augmentations de salaire supérieures à l’inflation, l’abolition des salaires et pensions à plusieurs niveaux et la fin des conditions de travail dangereuses dans l’usine. Ils sont confrontés à l’un des employeurs les plus impitoyables du Canada, qui a occasionné la mort de trois travailleurs sur leur lieu de travail en autant d’années, et à une bureaucratie syndicale au sein des Métallurgistes unis (USW) qui a refusé de mener une véritable lutte contre l’entreprise.

Les grévistes sont en position de force pour gagner leur grève. Leur lutte s’inscrit dans le cadre d’une recrudescence de la lutte des classes dans toute l’Amérique du Nord, y compris la grève de 7 400 dockers canadiens de la côte ouest lancée samedi dans les ports de la Colombie-Britannique. Chez Wabtec à Erie, en Pennsylvanie, où les ouvriers construisent des locomotives, plus de 1 400 d’entre eux sont en grève à moins de 160 km de l’usine de la NSC. […]

Juste avant le début de la grève, jeudi dernier, la direction de l’entreprise a pris contact avec le comité de négociation des Métallos et a proposé une augmentation supplémentaire insultante d’un point de pourcentage de l’augmentation salariale au cours de la première année de l’accord de principe, ainsi qu’une prime à la signature dérisoire de 500 dollars. Cela montre clairement que la « dernière, meilleure et dernière offre » de l’entreprise n’avait rien à voir avec cela. Même avec l’offre légèrement améliorée, les travailleurs recevraient une augmentation insuffisante de 5 % la première année, suivie de 3 % les deux années suivantes.

L’offre initiale, que les travailleurs ont rejetée à 52 %, prévoyait des augmentations salariales annuelles inférieures à l’inflation (4 %, 3 %, 3 %, respectivement), maintenait le système brutal et détesté du travail à la pièce, et conservait le système de salaire et de pension à deux niveaux, que l’USW avait accepté dans les contrats précédents.

Les travailleurs de la base de la NSC n’avanceront pas d’un pas tant que cette grève sera laissée entre les mains de la bureaucratie nationaliste et pro-entreprise de l’USW, dirigée dans l’usine par le président de la section locale 7135, Frank Crowder. Pour faire avancer la lutte, les travailleurs doivent rejoindre et construire le National Steel Car Rank-and-File Committee (NSC-RFC), qui représente les intérêts des travailleurs sur le terrain.

La bureaucratie de l’USW a cherché à se faire passer pour un militant auprès des grévistes en se réjouissant de son rejet immédiat de l’offre légèrement améliorée faite par l’entreprise juste avant le début de la grève. Mais cela soulève la question suivante : pourquoi le comité de négociation de l’USW n’a-t-il pas immédiatement rejeté l’offre initiale plus mauvaise de l’entreprise ? Pourquoi le syndicat a-t-il déclaré, lors d’une séance d’information tenue le 25 juin, qu’il ne pouvait pas recommander un vote pour ou contre ?

La réponse est simple. Le prétendu « rejet » par la commission de négociation de l’offre de dernière minute de l’entreprise n’était rien d’autre qu’un stratagème destiné à détourner l’attention des travailleurs de la réalité, à savoir que l’entreprise et la bureaucratie syndicale sont du même côté, comme c’est le cas depuis de nombreuses années.

Si le comité de négociation avait fermement soutenu un vote négatif sur l’accord de principe et engagé les ressources de l’USW pour mener et gagner la grève, la confiance des travailleurs aurait été considérablement renforcée et l’accord de principe aurait été rejeté de manière retentissante. En réalité, le refus de la bureaucratie de l’USW de prendre position et de proposer une stratégie de lutte contre l’entreprise a eu pour effet de démoraliser une partie des travailleurs, ce qui a conduit à un rejet de 52 %.

Le syndicat compte sur les immenses pressions financières engendrées par les rations de grève de famine pour convaincre les travailleurs d’accepter le prochain contrat entre le syndicat et l’entreprise. L’appareil de l’USW isole intentionnellement les grévistes, n’ayant rien fait pour mobiliser le soutien des 1,2 million de membres de l’USW. Les travailleurs ont eu droit à une poignée de visites de bureaucrates syndicaux et de politiciens locaux sur le piquet de grève pour des séances de photos et des déclarations de « solidarité ». Le Nouveau parti démocratique (NPD), qui prétend frauduleusement défendre les travailleurs tout en soutenant le gouvernement libéral fédéral favorable à l’austérité et à la guerre, n’a pas publié de déclaration officielle sur la grève. […]

Source: https://www.wsws.org/en/articles/2023/07/04/dour-j04.html

 

Encore donc une grève qui révèle la nature profondément réformiste des syndicats et des partis qui prétendent défendre les travailleuses et les travailleurs. Nombreuses sont les grèves qui nous montrent cet état de fait. A nous d’en tirer les conclusions qui s’imposent.