7 400 dockers de la côte ouest du Canada entrent en grève

Par Roger Jordan

Quelque 7 400 dockers de plus de 30 ports de Colombie-Britannique, dont le port de Vancouver, le plus grand du Canada, ont lancé une grève samedi matin pour réclamer des augmentations de salaire correspondant à l’inflation, la fin de la sous-traitance et la protection de l’emploi contre les effets de l’automatisation. Les grévistes sont en position de force pour obtenir gain de cause, car ils jouent un rôle essentiel dans l’économie nord-américaine, en contribuant au transport d’un volume d’échanges estimé à 800 millions de dollars par jour.

Les débardeurs en grève adoptent une position courageuse. Et pas seulement contre les compagnies maritimes, qui tirent des profits énormes de leur exploitation impitoyable dans le transport des milliards de dollars de marchandises qui transitent par les ports chaque année – y compris tout au long de la pandémie de COVID-19. Les dockers de la Colombie-Britannique défient également l’ensemble du pouvoir canadien, y compris le gouvernement libéral soutenu par les syndicats, qui subit les pressions des entreprises canadiennes et de la presse économique pour criminaliser la grève dès que possible et imposer un contrat de concession garantissant que les ports de la Colombie-Britannique sont « compétitifs à l’échelle mondiale ».

Les grévistes doivent répondre à ces menaces en élargissant leur combat. Avant tout, ils doivent lancer un appel pressant à leurs collègues américains, contraints de travailler sans contrat depuis un an par l’International Longshore and Warehouse Union (ILWU), pour qu’ils les rejoignent dans une lutte commune. Les dockers des deux côtés de la frontière sont membres du même syndicat et font face aux mêmes attaques et menaces de législation briseuse de grève. Pourtant, la bureaucratie syndicale a divisé les travailleurs, cherchant à isoler leurs luttes contractuelles sur une base nationale.

Immédiatement après que l’ILWU a émis l’avis de grève requis de 72 heures mercredi, les ministres des gouvernements fédéral et provinciaux ont proféré des menaces à peine voilées de législation de retour au travail. Le ministre fédéral du Travail, Seamus O’Regan, et le ministre des Transports, Omar Alghabra, ont appelé les travailleurs à reconnaître la menace qu’une grève représenterait pour l' »économie », c’est-à-dire pour les bénéfices des entreprises.

Vendredi, M. O’Regan est intervenu personnellement dans les négociations entre l’ILWU et la British Columbia Maritime Employers Association (MEA) à Vancouver. Il s’est depuis engagé à ne pas quitter la ville tant qu’un accord de principe n’aura pas été annoncé.

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Le contre-coup immédiat le plus puissant que les dockers de Colombie-Britannique puissent frapper est d’unifier leur lutte avec celle de leurs frères et sœurs de classe dans les ports de la côte ouest des États-Unis. Suite à l’intervention directe de l’administration Biden dans les négociations entre l’ILWU et la Pacific Maritime Association (PMA) le mois dernier, le syndicat a annoncé qu’il était parvenu à un contrat de principe pour 22 000 dockers de la côte ouest des États-Unis. Cependant, parmi la base, il y a une immense opposition à ce qui est manifestement un accord de capitulation. Les dockers de la Colombie-Britannique devraient exhorter leurs collègues américains à rejeter cet accord de capitulation – dont le syndicat garde le contenu secret dans le but d’épuiser l’opposition par un processus de ratification interminable – et à se joindre à eux pour fermer tous les ports de la côte ouest jusqu’à ce que les justes revendications des travailleurs soient satisfaites.

Source: https://www.wsws.org/en/articles/2023/07/02/rqwd-j02.html