Cinquième semaine de grève à l’usine Cargill (Ontario)

La grève à l’usine Cargill en est maintenant à sa cinquième semaine. Un article publié dans le Guelph News décrit l’augmentation constante du nombre de grévistes ayant recours à une banque alimentaire locale. Jaya James, directrice générale de Hope House – un important fournisseur de nourriture et de services communautaires dans la ville – a expliqué au journaliste Mark Pare qu’au cours des deux dernières semaines de grève, il y a eu un afflux croissant de grévistes qui se sont inscrits pour bénéficier d’une aide alimentaire. L’augmentation est telle que Hope House pourrait bientôt être contrainte d’introduire une liste d’attente pour les nouvelles inscriptions. «Pour nous, une journée normale en ce qui concerne le nombre de personnes passant par notre marché alimentaire, est de 36 ménages, a-t-elle déclaré. Lundi dernier, nous avons servi 63 ménages.»

Depuis le début de la grève, plus de 100 nouveaux ménages ont eu recours au soutien alimentaire, soit presque le triple de la moyenne mensuelle. Lorsqu’on regarde les chiffres sur la pauvreté dans la région, le dernier recensement montre que 11 % des personnes vivant à Guelph sont des familles à faible revenu. Les enfants étant touchés de façon disproportionnée par la pauvreté, le taux de pauvreté infantile était de 15 % pour la même période. Depuis le début de la pandémie de 2020, ces chiffres n’ont fait qu’augmenter.

Les travailleurs de l’usine Cargill, en particulier les travailleurs temporaires étrangers aux salaires de misère, avaient recours aux services de diverses associations caritatives avant même le début de la grève. Ils ont été rejoints par un nombre croissant de travailleurs aux salaires plus élevés.

 

La semaine dernière, la direction de l’usine de transformation de la viande Cargill de Guelph, en Ontario, a rompu un silence d’un mois en envoyant par courriel une nouvelle offre de contrat au syndicat local des Travailleurs unis de l’alimentation et du commerce (TUAC) en grève. Les représentants des TUAC ont décrit l’offre comme étant encore plus basse que l’accord misérable qui avait été rejeté par les membres à la fin du mois dernier par une marge de 82,4 %. Bien qu’il fut loin de répondre aux attentes des travailleurs en matière d’augmentation salariale, le contrat provisoire rejeté avait été recommandé à l’unanimité par la direction du syndicat.

Tous les détails de la proposition de contrat de quatre ans initialement rejetée n’ont pas été rendus publics, bien que Cargill se soit vanté d’une augmentation de salaire de 9,3 % la première année, mais d’augmentations nettement inférieures les trois années suivantes.

 

Conglomérat international connu pour ses profits, Cargill emploie 160.000 personnes dans 70 pays et son chiffre d’affaires pour 2023 s’élève à 177 milliards de dollars. L’entreprise annonce toujours des augmentations significatives de ses bénéfices année après année. Vingt-trois membres de la famille Cargill-MacMillan possèdent 88 % de l’entreprise, et quatorze d’entre eux sont milliardaires.

Les conditions sont extrêmement favorables au développement d’un vaste mouvement de la classe ouvrière pour s’opposer aux assauts persistants des entreprises. Alors que la grève se poursuit à Guelph, 400 autres travailleurs de transformation de la viande également syndiqués avec les TUAC et employés chez Cargill Case Ready, à Calgary en Alberta, ont déjà voté à 100 % pour la grève et pourraient débrayer dès la fin juin. À Guelph même, des centaines d’autres travailleurs locaux de Case Ready verront leur convention expirer l’an prochain. La lutte de ces travailleurs pour défendre leur niveau de vie et s’opposer à l’accélération des cadences et à la destruction des normes de santé et de sécurité par la direction suscite une grande sympathie dans tout le Canada, et même dans le monde entier.

Extraits de l’article paru sur le site de WSWS.