Un rare mouvement touche les pharmacies en France ce jeudi 30 mai, tel que le secteur n’en a pas connu depuis dix ans. Il est très suivi, plus de 90 % des officines sont fermées.
Extraits de l’article de liberation:
C’est un pêle-mêle d’inquiétudes qui a fait déborder la colère. Avec en première ligne les difficultés économiques qui percutent de nombreuses officines. Sur les quelque 20 000 réparties sur tout le territoire, 2 000 ont dû baisser définitivement le rideau en dix ans. 100 sur les trois premiers mois de 2024. «Toutes les pharmacies souffrent, les petites, les grosses, et pas uniquement dans les zones rurales, déplore Pierre-Olivier Variot, patron de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Récemment, un pharmacien situé en plein centre-ville de Chartres a dû fermer, il ne pouvait plus faire face aux charges.» Depuis Bécon-les-Granits, près d’Angers, Vincent Nadeau témoigne des mêmes difficultés : «Ca fait des années que je n’avais pas connu une trésorerie aussi tendue. Beaucoup de pharmacies sont dans le rouge, demandent des délais de paiement à leurs fournisseurs».
Car les charges des officines sont en constante augmentation, entre la flambée des prix de l’énergie et les frais de personnel. Les honoraires ne suivent pas – ils comprennent notamment le montant fixe perçu sur chaque boîte vendue, auxquels peuvent s’ajouter ceux liés à des actes de vaccination par exemple. « Entre 2019 et 2023, ils ont augmenté de 7 %, l’inflation générale de 13,9 % et les charges en pharmacie de 25 %, égrène Pierre-Olivier Variot, les données de la Caisse nationale d’Assurance maladie (Cnam) sous les yeux. On nous propose une hausse de 15 %, alors que l’inflation de nos charges est prévue à 35 %. On ne pourra pas trouver un équilibre.»
Pénuries de médicaments
Aux questions financières s’ajoutent celles sur les médicaments. Les pharmaciens voient aussi leur mouvement comme une énième interpellation sur les pénuries qui n’ont fait que s’aggraver ces dernières années. Près de 5000 signalements de ruptures de stock ou de risque de rupture ont été enregistrés par l’Agence nationale du médicament en 2023, contre environ 2000 deux ans plus tôt. Une source d’angoisses pour les patients – les tensions touchent les antibiotiques comme les antidiabétiques ou les hypertenseurs. Et une charge de travail accrue pour leurs pharmaciens qui s’échinent à trouver des alternatives, se coordonnent entre confrères pour obtenir les boîtes qu’il leur faut. « Les passages de commandes, recherches de solutions nous prennent environ quatre heures tous les jours », soupire Vincent Nadeau.