3000 junior doctors en grève au Pays de Galles

Les médecins en formation entament trois jours de grève au Pays de Galles pour protester contre la réduction de facto de leurs salaires par l’Assemblée dirigée par les travaillistes.

Environ 3 000 médecins en formation du National Health Service (NHS) du Pays de Galles ont entamé trois jours de grève consécutifs pour s’opposer à l’offre salariale de 5 % pour 2023-2024 faite par l’Assemblée galloise, dirigée par les travaillistes.

L’offre salariale a été présentée comme une « première et dernière offre » en août de l’année dernière, alors que le taux d’inflation RPI s’élevait à 9,1 %. La grève de 72 heures a commencé lundi à 7 heures et se terminera jeudi à 7 heures. L’action a donné lieu à des piquets de grève très fréquentés dans les hôpitaux et a bénéficié d’un large soutien du public.

Au Pays de Galles, le salaire de départ d’un médecin nouvellement diplômé n’est que de 13,65 livres sterling de l’heure. Les médecins débutants ont subi une baisse de 29,1 % de leur salaire en termes réels depuis 2008, l’une des plus fortes baisses d’une tendance plus large subie par leurs collègues du NHS dans l’ensemble du Royaume-Uni. Les membres de la British Medical Association (BMA) réclament le rétablissement de leur salaire, comme le font leurs homologues au niveau national. La grève a eu lieu en Angleterre du 3 au 9 janvier, marquant 34 jours d’arrêt de travail depuis mars 2023. La grève de trois jours au Pays de Galles a été décidée à une majorité de 98 % sur un taux de participation de 65 %.

En réponse à la grève, le premier ministre du Pays de Galles, Mark Drakeford, a réitéré son offre inférieure à l’inflation, déclarant le 15 janvier qu’elle se situait « à l’extrême limite » de ce qui était possible et citant les restrictions budgétaires imposées par le gouvernement central conservateur.

Les médecins en formation ont souligné que leur revendication salariale était liée à la défense du NHS, les bas salaires et la surcharge de travail sapant les soins aux patients et étant aggravés par le nombre croissant de médecins qui quittent le NHS. Un jeune médecin qui avait récemment émigré du Pays de Galles vers l’Australie pour travailler a raconté à la BBC qu’il ne gagnait que 13,65 à 14 livres sterling de l’heure et que, lors de sa dernière garde au sein du NHS, il était responsable de 35 patients dans un service d’urologie. Il y a eu quelque 500 participants à la manifestation organisée par la BMA mardi devant le Senedd (parlement gallois) à Cardiff.

La lutte des médecins en formation à travers le Royaume-Uni soulève des questions cruciales sur la voie à suivre. Il s’agit d’un combat susceptible de galvaniser le soutien de la classe ouvrière contre un gouvernement conservateur largement décrié pour avoir sacrifié la santé publique au profit des profits dans une pandémie qui a déjà fait plus de 230 000 morts, et pour la poursuite du démantèlement et de la privatisation du système national de santé (NHS).

Le Premier ministre Rishi Sunak a étayé l’argument contre la demande de rétablissement des salaires en l’opposant aux accords conclus l’année dernière avec tous les autres syndicats du secteur de la santé dans l’ensemble du NHS. Cette relation confortable s’est construite sur le dos de la bureaucratie syndicale qui a divisé plus d’un million de travailleurs du NHS et mis fin à une vague de grèves sans précédent, avec des accords inférieurs à l’inflation fixés par le point de référence pour les infirmières, à savoir 5 % seulement.

Dans son rapport sur la lutte des médecins en formation, NHS Fightback a proposé une stratégie de lutte unifiée par l’établissement d’un réseau de comités de base. Il explique que cette stratégie « a laissé les autres travailleurs de la santé sur le carreau et les médecins en formation livrés à eux-mêmes ». Il note que la BMA a également retiré de toute action des dizaines de milliers de consultants et de spécialistes ayant un mandat de grève, sous prétexte d’un vote sur les offres salariales révisées du gouvernement, qui ne corrigent pas les niveaux historiques de baisse des salaires.

Le comité des médecins en formation de la BMA (JDC) a sapé la lutte commune pour le rétablissement des salaires. En Écosse, l’année dernière, le JDC a suspendu trois jours d’action de grève mandatée par les médecins en formation et a fait passer un accord de 12,3 % pour 2023/4 en août avec le gouvernement du Parti national écossais. Cet accord faisait suite à un accord de 4,5 % pour 2022/3 et à l’acceptation par la BMA de « négociations annuelles avec le gouvernement écossais qui doivent réaliser des progrès crédibles en termes réels vers le rétablissement intégral des salaires aux niveaux de 2008 ». Ce qui est loin de correspondre à la baisse de 28,5 % du salaire des médecins en formation en Écosse depuis 2008. En Irlande du Nord, le JDC n’a entamé que le 6 janvier un scrutin de six semaines pour l’industrie, alors que les médecins en formation ont subi une baisse de salaire de 30 % en 15 ans. Le mouvement de grève au Pays de Galles est resté totalement distinct du récent débrayage prolongé en Angleterre.

La ministre conservatrice de la santé, Victoria Atkins, a lancé un ultimatum à la fin de la grève de six jours en Angleterre : la JNC doit retirer l’action de grève de l’ordre du jour avant la réouverture des négociations, en réitérant que la demande de rétablissement des salaires était « inabordable ». Le gouvernement n’a pas cédé depuis, n’offrant que 3 % supplémentaires aux 8,8 % mis en œuvre pour 2023/4.

 

Le 9 janvier, un communiqué de presse de la BMA, rédigé par les coprésidents Dr Robert Laurenson et Dr Vivek Trivedi, déclarait : « Aucune grève n’est actuellement prévue et c’est le moment pour elle [Atkins] de présenter une offre crédible qui aboutisse à un résultat raisonnable, à savoir le rétablissement des salaires ».[…]

 

Extraits de l’article paru sur le site de WSWS.