Piquet de grève permanent à l’usine LEAR à Grugliasco (Italie)

Article publié le 16 novembre.

Depuis une semaine, les travailleurs de Lear à Grugliasco croisent les bras et animent la Via Cumiana en garnison permanente. Le 31 décembre, le fonds de licenciement extraordinaire arrivera à échéance et, à ce jour, on ne sait rien du sort des 300 travailleurs sur 420 qui risquent d’être licenciés.

Lear produit principalement des sièges automobiles pour le groupe Stellantis, plus particulièrement pour les voitures de luxe Maserati. La multinationale néerlandaise a considérablement réduit ses commandes à l’entreprise au cours de l’année écoulée et cessera d’en passer d’importantes en 2024 en raison du retrait définitif de certains modèles Maserati du marché.

Il est désormais clair que le groupe Stellantis se désengage définitivement du secteur automobile italien au nom de la « conversion verte à l’électrique ». Tout récemment, 15 000 employés ont trouvé dans leur boîte de réception un message intitulé « BUILD YOUR FUTURE » (Construisez votre avenir), contenant une proposition d’incitations économiques en échange d’une démission volontaire.

Mais ce ne sont pas seulement les usines de l’ex-FIAT qui en paient les conséquences, mais aussi les travailleurs des industries connexes, comme les employés de LEAR qui bénéficient depuis longtemps d’indemnités de licenciement spéciales et risquent de trouver une lettre de licenciement sous le sapin.

LEAR est une entreprise multinationale spécialisée dans la construction de sièges et de systèmes électroniques pour voitures, qui emploie plus de 160000 personnes dans le monde et possède des sites de production dans 37 pays. Sur le site web de l’entreprise figure une politique d’attention à l’inclusion de la diversité accompagnée d’une rhétorique « gagnons tous ensemble », qui se traduit aujourd’hui par des menaces de licenciement pour 300 des 420 employés de l’usine de Grugliasco, face à l’incapacité totale (ou peut-être au refus) de l’administration de LEAR de présenter un plan industriel pour les années à venir.

Depuis le 7 novembre, les travailleurs de Corso Allamano sont en grève, l’adhésion a été quasi-totale et malgré le froid, ils maintiennent avec détermination leur piquet de grève permanent tous les jours. Au cours de la première semaine, l’usine a été gardée jour et nuit, avec un blocus des marchandises entrantes, mais suite aux menaces soutenues par le décret Salvini, les travailleurs ont choisi de maintenir le piquet uniquement la journée.

Les femmes constituent l’épine dorsale du piquet, présentes en grand nombre chaque jour dès l’aube, déterminées à exiger de l’entreprise une solution qui ne conduise pas au désespoir pour 300 familles de l’arrière-pays turinois.

La demande adressée à la direction de Lear porte sur un plan industriel prévoyant des commandes pour d’autres marques que Maserati (ce qui permettrait d’avoir accès à de nouveaux amortisseurs sociaux), comme c’est le cas à quelques kilomètres de là, dans l’usine de Pozzo d’Adda, où l’on produit également pour Ferrari, Citroën, Alfa Romeo, etc. Dans ces conditions, on peut se demander s’il existe réellement une pénurie irrémédiable de la demande de production ou s’il s’agit d’une manœuvre de l’entreprise pour réduire les coûts sur le dos des travailleurs et de leurs familles. Dans le même temps, nous réitérons notre appel au ministère pour qu’il prenne des mesures face à cette situation honteuse.

Nous exprimons notre solidarité avec les travailleurs de Lear, aux côtés de ceux qui luttent pour un avenir digne !

Article paru sur infoaut.org