Mouvements des sans-terre au Brésil: trois morts en une semaine

« En moins d’une semaine, trois sans-terre ont été tués dans le nord-est du Brésil. Samedi dernier, Ana Paula Costa Silva et Aldecy Viturino Barros ont été abattues dans le campement de Quilombo do Livramento Sitio Rancho Dantas, organisé par le Mouvement des sans-terre brésilien (Movimento dos Trabalhadores Rurais Sem Terra, MST). Le crime a eu lieu dans la région de Sertão, au nord-est de l’État du Paraíba. (…) Selon les rapports des habitants, ils ont été abattus par deux hommes qui sont arrivés en moto et ont tenté de tuer Viturino Barros. Selon ces informations, les malfaiteurs lui ont demandé de signer un document. Ils ont tiré plusieurs coups de feu sur lui, touchant également mortellement Costa Silva. L’affaire est toujours en cours d’enquête par la police civile de Paraíba. Le MST demande une enquête sur ce crime et l’arrestation des auteurs… » Contribution de João Pessoa du 15.11.2023 dans amerika21

« … Le 5 novembre déjà, Josimar da Silva Pereira – paysan et membre du MST à Vitória de Santo Antão, où il vivait – a été tué. Le jeune homme de 30 ans a reçu une balle à l’arrière de la tête et dans le dos alors qu’il se rendait en moto au campement Francisco de Assis. Il y travaillait à l’irrigation de la plantation de riz écologique. L’auteur et le motif ne sont pas encore connus. Pereira avait participé à la lutte pour l’expropriation d’Engenho São Francisco, où se trouve la colonie depuis 29 ans. Il s’agit de l’une des plus anciennes occupations du MST dans l’État de Pernambuco et elle n’a pas encore été légalisée à ce jour. Dans un entretien avec Brasil de Fato, Fernando Lourenço, de la direction du MST à Pernambuco, s’est exprimé sur la mort de son compagnon de lutte et sur la vague de violence des grands propriétaires terriens dans la région de Zona da Mata. « L’Incra aurait dû résoudre cette affaire pour que nous ne perdions pas un camarade. Nous sommes indignés par cette situation et l’affaire doit être examinée. Les grands propriétaires fonciers s’unissent », a déclaré Lourenço, un habitant du lotissement de Maré dans la commune d’Aliança (PE). (…) Selon Lourenço, la violence contre les occupants et les colons s’intensifie dans tous les Etats brésiliens. Cette situation serait due à l’inaction de l’Etat et au manque d’application de la loi sur la réforme agraire.

« La réforme agraire ne se fait pas dans le sang, mais dans le cadre des règles et de la loi. Et la loi sur la réforme agraire doit être respectée. Il y a encore tant de terres en friche. Des terres qui ne produisent pas de nourriture, des terres de monoculture de canne à sucre, des terres indûment accaparées. Devons-nous continuer ainsi pour que le gouvernement puisse exproprier ces terres ? Alors, Incra, allons à la campagne, empêchons le conflit agraire qui se déroule dans tout le pays », conclut-il.
Dans un communiqué, le MST « dénonce l’escalade de la violence contre les occupants et les colons dans tous les États brésiliens, où les représentants de l’agrobusiness agissent en tant qu’organisateurs de milices agraires qui répandent la menace, la violence et la terreur dans les campagnes » et demande au gouvernement de « mettre en œuvre d’urgence une réforme agraire et de sanctionner la mort des paysans assassinés » ».