GKN à Florence: une occupation qui tente d’être brisée par des licenciements

Juillet 2021, l’équipementier automobile GKN ferme son usine à Florence et met 450 familles à la rue. Deux ans plus tard, la lutte continue alors que l’usine occupée ne peut être évacuée autrement que par des licenciements.

Le contexte

Le vendredi 9 juillet 2021, GKN, une multinationale britannique qui produit des essieux pour plusieurs constructeurs automobiles, a informé les travailleurs de la fermeture immédiate du site de Campi Bisenzio dans la province de Florence. 450 travailleurs ont ainsi perdu leur emploi du jour au lendemain. La fermeture de l’entreprise a été annoncée par un e-mail interne aux travailleurs ; le public a pu en prendre connaissance dans un post Facebook du syndicat des travailleurs de la métallurgie, le FIOM. (…) Le licenciement collectif chez GKN est un nouveau cas de licenciement qui intervient juste après la conclusion de l’accord entre le gouvernement, les syndicats et l’association d’entreprises Confindustria fin juin 2021… » Extrait de l’article de Maurizio Coppola du 9.7.2021.

 

L’ancienne usine GKN occupée près de Florence est menacée d’expulsion : de nouveaux licenciements exigent la solidarité internationale !

« … Pour racheter l’usine et y installer une nouvelle ligne de production, les travailleurs ont lancé en septembre une campagne de fonds propres. Fin octobre, 112 000 euros de parts ont déjà été souscrites. « Différentes entreprises pourraient travailler ensemble sur le site de 38 000 mètres carrés. Nous n’en avons besoin que d’environ 10 000 », explique le délégué du personnel Massimo Barbetti. (…) Le collectif de l’usine ne comprend pas seulement les grévistes, mais aussi leurs familles, leurs compagnons de lutte et des groupes camarades. « Personne ne se sauve tout seul. Nous avons beaucoup de problèmes, leur cause est toujours le capitalisme », dit Benedetta Rizzo, ouvrière chez Baker Hughes et membre du groupe de soutien qui aide le collectif à établir des contacts avec d’autres groupes en Italie. (…) Alors qu’au début de l’occupation, il s’agissait d’être présent dans l’usine, explique le délégué Salvetti, l’essentiel du travail du collectif se fait désormais en dehors du site : « Créer des liens, trouver des partenaires pour la coopérative, attirer des investisseurs », explique celui que les ouvriers considèrent comme leur leader officieux. (…)

Le nombre de grévistes est passé de 370 à 173. Les tensions familiales en sont une des raisons. Il y a un an, le propriétaire Borgomeo a arrêté de verser les salaires. « Ce faisant, il a forcé beaucoup de gens à arrêter la grève. Dix à quinze pour cent des travailleurs sont tombés en dépression », rapporte Salvetti. Marco raconte que les divorces sont un sujet de préoccupation : « Je n’avais pas autant d’argent à cause de la grève et je ne pouvais pas proposer de vision d’avenir. Ma partenaire est partie ». L’occupation de l’usine ne convient que partiellement comme surface de projection des rêves révolutionnaires. (…)

Nouveau licenciement d’ouvriers

Le 12 octobre, Fausta Bergamotto (Fratelli d’Italia), sous-secrétaire d’État au ministère des Entreprises et du Made in Italy, et le gouvernement de Toscane se réunissent pour discuter du plan de réindustrialisation. Les travailleurs de l’usine GKN n’ont pas été invités. « A part les uns sur les autres, nous ne pouvons compter sur personne. Cela me déprime », dit l’ouvrier Michele Pannone. Salvetti est lui aussi déçu : « Cette réunion est une véritable farce ». La sous-secrétaire Bergamotto recommande à l’issue de la réunion que le propriétaire fasse évacuer l’usine par la police. « Nous avons aussi lutté avant cela en sachant que nous manquions de soutien. Mais maintenant, nous savons que le gouvernement d’extrême droite est ouvertement contre nous. Le risque d’une expulsion est imminent, nous y pensons tout le temps », dit Barbetti. Il sait pourquoi le gouvernement, dirigé par des néofascistes, est opposé au collectif : « Si nous gagnons ici, ce sera un précédent fort pour les travailleurs d’Italie ».

Le propriétaire Borgomeo réagit à la recommandation de la sous-secrétaire d’État. L’après-midi du 17 octobre, les ouvriers reçoivent un nouveau licenciement – cette fois-ci formellement correct. (…)
L’avocate Silvia Ventura explique que la police ne peut pas simplement expulser les ouvriers : « Les employés ont le droit d’être dans l’usine, si la police l’évacue, c’est illégal ». Légalement, Borgomeo ne peut faire sortir les travailleurs de l’usine que par le biais de licenciements : « Si beaucoup de personnes sont licenciées d’un coup, cela doit se faire selon une procédure juridiquement correcte. Ce processus doit durer au moins 75 jours », explique Ventura. Avec le licenciement du 17 octobre, l’horloge tourne. Le 1er janvier 2024, les travailleurs devront quitter l’usine, selon Ventura. A la question de savoir ce qu’ils prévoient, Salvetti répond : « Ce sera un moment décisif. Nous devrons réoccuper l’usine ». Il appelle à la solidarité internationale : « Dans ce cas, nous aurions aussi besoin de l’aide de l’Allemagne ». Il est question d’organiser une fête de la Saint-Sylvestre dans l’usine… » Article d’Alieren Renkliöz du 09.11.2023 dans ND online

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