Vingt-deux mille travailleurs de la santé péruviens, membres de la fédération d’assurance EsSalud, se sont mis en grève le 10 octobre. Les travailleurs réclament notamment le paiement d’une prime annuelle de 5 500 soles peruanos (1 443 dollars) qui leur est due par le gouvernement péruvien de la présidente Dina Boluarte. Les grévistes accusent le gouvernement péruvien de mener des politiques hostiles à la classe ouvrière.
Les dirigeants de la grève ont également déclaré que le gouvernement avait licencié 11 000 travailleurs à la suite de la fin des mesures d’urgence contre la pandémie COVID-19. Les grévistes exigent que tous ces travailleurs soient correctement et immédiatement indemnisés, comme l’exige la législation péruvienne sur le chômage, et que ceux qui partent à la retraite soient également indemnisés en temps voulu. Aucune de ces mesures n’est actuellement en vigueur.
Pourtant, quelques jours plus tôt (le 8 octobre), EsSalud annonçait:
« Les syndicats suspendent la grève annoncée pour le 10 octobre. L’assurance maladie sociale a conclu un accord avec 13 syndicats de l’institution.
L’assurance sociale de santé (EsSalud), fermement engagée à garantir les soins aux plus de 12 millions d’assurés du pays, a tenu des réunions avec 13 syndicats de travailleurs de l’institution, qui ont accepté de suspendre la grève annoncée pour le 10 octobre.
Les représentants des travailleurs se sont ainsi engagés à assurer la continuité des services et des soins dans tout le pays.
Cet accord a été signé le vendredi 6 octobre, au siège d’EsSalud, avec les syndicats représentant les médecins, les infirmières, les technologues, les obstétriciens, les professionnels de l’administration, les techniciens, les assistants, le personnel du CAS et 728 travailleurs, entre autres.
EsSalud réaffirme ainsi son engagement à prendre soin des assurés, qui sont sa raison d’être, et poursuivra son travail de dialogue et d’ouverture, en agissant toujours dans le strict respect de la loi et de la réglementation en vigueur. »
Une vidéo de la manifestation:
Un article du 12 octobre paru sur le site de UNI nous confirme que la grève se poursuit:
La grève illimitée se poursuit dans le système de sécurité sociale du Pérou
Depuis le 10 octobre, les syndicats FED-CUT, SUNESS et SINAPS, affiliés à UNI Global Union, qui représentent les travailleurs de l’assurance maladie sociale EsSalud au Pérou, ont entamé une grève nationale illimitée. La raison en est l’absence de dialogue avec le gouvernement et le non-respect de l’accord signé en juin pour un « Bono de Cierre de Pliego » pour tous les travailleurs. Aujourd’hui, les syndicats se sont rendus au ministère du travail et de la promotion de l’emploi.
« Nous ne comprenons pas le manque d’empathie du vice-ministre du travail, le Dr Juan Navarro, qui ne nous a pas convoqués à une réunion extra-procédurale, alors que nous en sommes à notre troisième jour de grève. Nous demandons le respect de la négociation collective et que la voix de tous les travailleurs de la sécurité sociale soit entendue. Nous exigeons une solution rapide à notre mesure et le respect de la loi », a déclaré Maria del Pilar Arevalo, secrétaire générale du SUNESS.
Pour sa part, Wilfredo Ponce, secrétaire général de Fed-Cut, a ajouté : « Poursuivre notre mesure de lutte, avec la grève illimitée, c’est continuer à faire usage de notre droit constitutionnel pour défendre notre convention collective, nos droits collectifs et pour la non-précarisation de l’emploi des travailleurs ».
Enfin, Giovanna Aybar, secrétaire générale de SINAPS, a ajouté : « En tant que représentants des travailleurs, nous demandons le respect de ce qui a été convenu et de la négociation collective, qui est un droit qui ne doit pas être violé. Nous voulons le dialogue, qu’ils nous écoutent en tant que travailleurs et que nous puissions continuer à avancer pour garantir de bonnes conditions de travail, ainsi qu’une bonne attention aux usagers ».
Les affiliés ont également dénoncé l’ingérence du FONAFE, le Fonds national pour le financement de l’activité économique de l’État, dans les décisions concernant EsSalud, qui ne permet pas le respect de l’accord et porte préjudice à 60 000 travailleurs de l’assurance. De même, les syndicats dénoncent les menaces à la liberté d’association et les sanctions.
UNI Americas a appelé les autorités péruviennes à trouver une solution immédiate au conflit, exhortant le gouvernement à respecter la négociation collective et exprimant son soutien à nos camarades dans leur lutte.