Les grèves en Europe: données comparées entre les pays

 

 

La dernière édition de Transfer, le trimestriel de recherche de l’ETUI qui se penche en particulier sur les relations industrielles, se concentre sur les grèves et les actions syndicales qui ont eu lieu en Europe depuis le début de la crise économique. Les chercheurs universitaires qui ont contribué à ce numéro ont dressé une carte aux teintes très contrastées, avec des variations considérables entre les pays et les secteurs. Une tendance générale se dégage cependant : les syndicats lancent moins de grèves que par le passé, en particulier au niveau des entreprises.

 

Kurt Vandaele, chercheur à l’ETUI, a réalisé une analyse comparative des données existantes sur les grèves en Europe occidentale au cours des 20 dernières années. Contrairement à l’image souvent véhiculée par les médias, les syndicats sont de moins en moins enclins à déployer « l’arme de la grève ». M. Vandaele a notamment comparé l’évolution du nombre de jours non travaillés dans 19 pays européens. Ce chiffre est généralement en baisse : le nombre moyen de jours non travaillés entre 2005 et 2014 était de 50 pour 1 000 salariés, soit environ 10 jours de moins qu’entre 1995 et 2004.

 

Il a également recueilli des données sur le nombre de grèves générales organisées dans 16 pays d’Europe occidentale. Il constate un pic entre 2010 et 2013, dû à la multiplication des grèves dans les pays méditerranéens contre les plans d’austérité des gouvernements. En effet, il y a eu pas moins de 25 grèves générales en Grèce entre 2010 et 2015. La ligne de démarcation entre le nord et le sud de l’Europe est très nette : alors que les syndicats des pays du sud de l’Europe ont organisé des grèves générales à répétition, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Suède, le Royaume-Uni, l’Irlande et le Danemark n’ont pas connu une seule grève générale au cours des 20 dernières années.

Alors que jusqu’aux années 70, les actions syndicales prenaient la forme d’actions revendicatives souvent initiées au sein même des entreprises, les syndicats se concentrent aujourd’hui sur des manifestations courtes et de grande ampleur visant à défendre des droits déjà acquis plutôt qu’à en obtenir de nouveaux.

M. Vandaele se félicite que le monde académique accorde depuis quelques années une plus grande attention à la question des actions collectives, mais il regrette que les systèmes de compilation des données sur les grèves en Europe soient incomplets et non harmonisés. Pour y remédier, du moins en partie, le chercheur de l’ETUI a récemment publié en ligne une « carte interactive des grèves« .