Les travailleurs découragés des applications de restauration, notamment Deliveroo, Uber Eats et Just Eat, débrayeront mercredi, selon les organisateurs.
Le compte Instagram Delivery Jobs UK, regroupant une partie de la main-d’œuvre du secteur, a exhorté les coursiers des plateformes de repas et de courses à faire grève le 14 février entre 17 heures et 22 heures GMT.
C’est à ce moment-là que l’on s’attend à ce que l’appétit pour les repas du soir de la Saint-Valentin livrés rapidement explose dans toute la Grande-Bretagne – pour ceux qui ne veulent pas cuisiner.
Le syndicat GMB a quant à lui appelé à une grève de trois jours cette semaine sur le site géant d’Amazon à Coventry, dans le centre de l’Angleterre, du mardi au jeudi.
Les débrayages de cette semaine s’inscrivent dans un contexte d’agitation plus large au Royaume-Uni, les salaires des travailleurs ne parvenant pas à suivre l’augmentation des prix, les dernières données sur l’inflation devant être publiées mercredi.
Maximiser l’impact
Ulisses, un coursier brésilien qui a refusé de donner son nom de famille par crainte de représailles, est l’un des organisateurs de Delivery Jobs UK, qui regroupe 4 000 travailleurs étrangers pour la plupart brésiliens.
« Le choix de la Saint-Valentin pour la grève est stratégique et vise à maximiser la visibilité et l’impact », a déclaré M. Ulisses lors d’un entretien avec l’AFP. « La Saint-Valentin est l’un des jours les plus chargés pour les services de livraison, avec une forte demande de livraisons de repas. La grève de mercredi coïncide également avec la publication des dernières données officielles sur l’inflation au Royaume-Uni pour le mois de janvier. Les coursiers réclament un traitement équitable pour leur « rôle critique », en particulier après avoir aidé à nourrir la nation pendant les blocages liés à la pandémie de Covid. « En faisant grève ce jour-là, nous voulons souligner le rôle essentiel que jouent les livreurs dans l’économie et l’importance d’une rémunération et de conditions de travail équitables », a ajouté M. Ulisses. « Cette action est un appel aux entreprises et au public pour qu’ils reconnaissent et s’attaquent aux revenus insoutenables qui sont devenus trop courants dans le secteur de la livraison. Delivery Jobs UK compte également parmi ses membres des livreurs britanniques originaires d’autres pays, dont l’Albanie, le Nigeria et la Roumanie. « L’idée est de briser la chaîne d’approvisionnement (et) de créer le chaos » afin que de nombreux clients se plaignent, forçant ainsi les employeurs à répondre à leurs préoccupations, a déclaré M. Ulisses à l’AFP. Les organisateurs veulent encourager les blocages pour empêcher la collecte des commandes de nourriture dans le cadre d’une protestation pacifique.
Le groupe de pression des travailleurs de M. Ulisses réclame un tarif minimum de 5 livres (6,30 dollars) par livraison de repas, contre 2,80 à 4 livres actuellement, selon les plateformes.
« Nous leur demandons de partager les richesses… Nous pensons que ce niveau de rémunération couvrira l’inflation », a-t-il ajouté.
Une nouvelle vague d’action
À Coventry, le GMB demande au géant du commerce de détail Amazon de verser à son personnel un salaire amélioré de 15 livres sterling de l’heure.
« Cela marque les trois premiers jours d’une nouvelle vague d’action industrielle après que les travailleurs ont voté massivement en faveur d’une extension des grèves au début de l’année », a déclaré le GMB dans un communiqué.
La Grande-Bretagne a été frappée par des mouvements de grève dans les secteurs public et privé, menaçant de faire basculer l’économie du pays dans la récession.
Le nombre de journées de travail perdues au cours de la période actuelle d’action syndicale a dépassé les cinq millions, selon des données officielles publiées mardi.
Quelque 5,05 millions de jours ont été perdus dans des conflits du travail en Grande-Bretagne entre juin 2022 et décembre 2023, a indiqué l’Office des statistiques nationales (Office for National Statistics).