Les raisins de la colère en Argentine

QUE SE PASSE-T-IL EN ARGENTINE ?

Le président argentin Javier Milei a commencé son gouvernement par une dévaluation de 118% du dollar officiel, suivie d’une hausse conséquente des prix, qui a brutalement dilué le pouvoir d’achat et l’épargne des classes moyennes et populaires argentines déjà fragilisées.

Avec les mesures annoncées, il affiche clairement sa politique anti-ouvrière et anti-populaire, où l’alimentation, le logement et les soins de santé ne seront accessibles qu’à ceux qui peuvent payer le prix défini par le marché, en favorisant uniquement les grands groupes économiques.

QU’A FAIT LE NOUVEAU PRÉSIDENT JAVIER MILEI ?

Quelques jours après son entrée en fonction, il a lancé un décret d’urgence (DNU 70/2023) et la loi « Omnibus » (loi « Bases et points de départ pour la liberté des Argentins ») : des centaines de réformes économiques, fiscales, énergétiques, pénales et électorales à fort impact. Son objectif est de s’imposer en ignorant le Congrès et en annulant la division des pouvoirs, transformant sa figure en monarchiste.

Elle s’attaque à la santé publique et à l’éducation, à la science avec l’ajustement du CONICET (Conseil national de la recherche scientifique et technique).

En ce qui concerne les politiques d’égalité des sexes, il s’attaque au droit à l’avortement et modifie la loi Micaela (formation obligatoire à l’égalité des sexes pour toutes les personnes travaillant dans la fonction publique). Il revient sur plusieurs années de progrès en redéfinissant les droits des femmes comme des questions privées et individuelles, remplace la notion de « violence de genre » par celle de « violence familiale » et rend invisible la violence à l’encontre des personnes LGTBIQ+.

Dans le domaine de la culture, il réduit le financement des politiques de promotion du cinéma, prévoit la fermeture de l’Institut national du théâtre et du Fonds national pour l’art et supprime le « fonds de financement » de l’Institut national de la musique.

Il supprime l’INADI (Institut national de lutte contre les discriminations, la xénophobie et le racisme).

Il augmente les prix des carburants de 100 % en 30 jours et prévoit un taux d’inflation de 30 % par mois. En outre, le plan Milei promet des augmentations de tarifs dans les transports, l’électricité et le gaz, tandis qu’en raison de l’élimination de la loi sur les loyers, les loyers deviennent pratiquement inabordables pour une grande partie des travailleurs.

La loi « omnibus », que le gouvernement tente de faire ratifier par le Congrès, annule la division des pouvoirs et avance sur des aspects centraux de la démocratie argentine. Elle est anticonstitutionnelle ! « L’article 227 de la Constitution punit de trahison les députés et les sénateurs qui accordent des pouvoirs extraordinaires. Il s’agit d’une tentative d’imposer un régime où la figure présidentielle est la seule à décider. Pour mettre en œuvre ces mesures d’austérité dictées par le FMI, il prévoit des mesures de criminalisation de la contestation sociale (protocole « anti-picketing », 14 décembre 2023), tout en permettant aux fonds d’investissement étrangers d’acquérir des terres dédiées à l’exploitation minière, pétrolière ou agricole sans restriction, ouvrant la porte au pillage et à la contamination des terres.

COMPLICITÉ INTERNATIONALE

Avec les décisions des tribunaux américains en faveur des fonds vautours internationaux et avec le soutien du FMI (présidé par Kristalina Gueorguieva), la complicité internationale avec les plans d’ajustement et la réforme globale de l’Etat argentin pour favoriser les affaires stratégiques des grands groupes économiques (français, espagnols, chinois, américains, israéliens, entre autres) est signée.

Il n’est pas nécessaire de remonter plus de 4 ans en arrière pour comprendre pourquoi Christine Lagarde (ancienne ministre française de l’économie, aujourd’hui présidente de la Banque centrale européenne) a autorisé le prêt illégitime et illégal au gouvernement Macrista à la fin de son mandat. Sans la complicité du FMI, le plan d’ajustement s’écroule. Si l’attaque est internationale, la réponse doit l’être aussi.

QUE FAISONS-NOUS ?

Milei est l’expression argentine d’un phénomène mondial : la progression de l’extrême droite et les attaques contre les travailleurs, les minorités et les diversités. Il n’est pas surprenant que son principal allié dans l’UE soit Emmanuel Macron, ni qu’il ait été applaudi par VOX en Espagne, salué par Bolsonaro, célébré par le roi Felipe VI, soutenu idéologiquement par le néofascisme le plus rance en Allemagne ou acclamé par Donald Trump. Nous dénonçons la complicité des gouvernements impérialistes et des grands groupes économiques qui veulent s’approprier une partie du pays. Notre rôle en tant qu’Argentins à l’étranger est de nous organiser pour arrêter le piétinement de notre peuple, de notre démocratie et de nos droits humains. Nous appelons à la solidarité internationale avec la lutte du peuple argentin.

Grâce à la pression des travailleurs, la CGT a appelé à une grève générale pour le 24 janvier, ce qui devrait être un premier pas pour répondre à toutes ces attaques avec force dans les rues, à travers l’organisation en assemblées, un plan de lutte et une grève générale. C’est pourquoi, à partir de différentes assemblées, groupes et organisations en solidarité avec l’Argentine, nous avons créé le Réseau International Argentina No Se Vende et nous appelons à se mobiliser le 24 janvier dans différentes parties de l’Europe, ainsi qu’à rejoindre les assemblées qui ont lieu dans chaque ville.

A bas le DNU, stop à la loi omnibus et au plan antipicketing, non à la réforme !

FMI out. #argentinanosevende

Réseau international Argentina No Se Vende.

Barcelone (Argentinxs Migrantes)

Berlin (Assemblée de solidarité avec l’Argentine)

Madrid (Argentinxs en Movimiento)

Paris (Colectivo Argentina en lucha)

Toulouse (Assemblée de soutien à la lutte du peuple argentin)

Texte publié sur Anred